Nouvelle baisse des taux de la BCE : vers des conditions de crédits immobiliers plus favorables ?

Après les annonces de la Banque centrale européenne, tous les professionnels des secteurs immobilier et bancaire espèrent et se préparent à voir les coûts des crédits immobiliers baisser. Une bonne nouvelle qui pourrait participer à la relance de la production des crédits immobiliers, pour contribuer notamment au retour des primo-accédants.

Flags of european union waving in the wind in front of the majestic european parliament building

Le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne s’est réunit ce jeudi 17 octobre à Ljubljana pour décider des suites de sa politique monétaire. Alors que la situation économique de la zone euro est jugée préoccupante et que l’inflation est passée sous la barre des 2 %, l’institution a décidé d’un nouvel assouplissement.

En effet, l’institut de Francfort a annoncé ce jeudi une nouvelle baisse de son principal taux directeur de 0,25 point, ce qui constitue le troisième assouplissement monétaire consécutif après ceux de juin et septembre.

Les crédits immobiliers vont-ils repartir ?

Les experts se montrent en effet optimistes, puisqu’avec un taux directeur de la BCE abaissé, les banques vont payer elles-mêmes moins cher pour emprunter des liquidités. Elles vont ainsi être incitées à diminuer leurs propres taux d’intérêts et distribuer davantage de crédits immobiliers à des taux plus intéressants.

Ludovic Huzieux, fondateur du cabinet Artémis courtage, partage ses prévisions : « les taux des crédits immobiliers vont encore baisser à la fin de l’année ou au début de 2025. On devrait arriver aux alentours de 3 % pour les crédits sur 20 ans et 3,15 ou 3,20 sur 25 ans. Aujourd’hui, les acheteurs empruntent en moyenne à 3,35 sur 20 ans et à 3,60 sur 25 ans. C’est déjà une baisse significative puisque depuis le début de l’année, les taux ont décroché de près de 0,70%. ». D’ailleurs, pour Artémis courtage, le nombre de crédits accordés a déjà fait un bond : + 30% par rapport à la rentrée il y a un an.

Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux, se montre également enjouée : « Depuis début 2024, nous observons déjà  une hausse des demandes de crédit immobilier. Nous retrouvons le niveau de demandes de mars 2023 et nous sentons depuis quelques mois et notamment depuis la rentrée de septembre une dynamique très positive ». 

Les banques s’ajustent avec des offres plus intéressantes

Attentives à ces évolutions conjoncturelles et bien conscientes que les primo-accédants ont été les premiers impactés par la hausse des taux des crédits immobiliers, les banques n’hésitent pas à ajuster leurs offres.

Parmi elles, la Banque Populaire et le Crédit Mutuel par exemple. Après l’annonce par le gouvernement du projet d’extension du prêt à taux zéro (PTZ) à l’ensemble des régions françaises, ces banques ont annoncé début octobre qu’elles accompagneraient cette mesure par le doublement du prêt à taux zéro jusqu’à 25 000 euros complémentaires, favorisant ainsi l’accession à la propriété pour les clients de moins de 36 ans.

Pour favoriser l’accès à la propriété des jeunes générations, le CIC souhaite quant à lui faire fait sauter le verrou du CDI en lançant le « Prêt Immo Nouvelles Formes d’Emploi » : un prêt immobilier à taux fixe qui s’adapte aux revenus parfois irréguliers des actifs hors CDI (salarisé en CDD, micro-entrepreneurs, free-lances, intérimaires, saisonniers ou encore intermittents du spectacle).

La Caisse d’épargne a également annoncé vouloir accompagner et favoriser l’acquisition de la résidence principale des primo-accédants avec deux dispositifs spécifiques : Grandioz, un prêt évolutif qui permet de gagner jusqu’à 10 % de capacité d’emprunt avec des mensualités de départ plus faibles et le bail réel solidaire qui rend l’accession à la propriété plus abordable de 25 % à 40 % en moyenne grâce à la dissociation du foncier et du bâti ainsi qu’à une TVA réduite (5,50%).

Des éléments intéressants à avoir en tête pour renseigner les particuliers ayant un projet immobilier !

Vers des renégociations de crédits ?

Enfin, notons que les emprunteurs qui ont acheté avant la baisse des taux peuvent être tentés de renégocier leur crédit immobilier. « Les renégociations de crédit ne représentent que 3 % des demandes en 2024 mais c’est déjà plus qu’au mois de juin », chiffre Maël Bernier.

Si la question se pose, la réponse ne semble pas encore parfaitement tranchée. « Il est sans doute un peu trop tôt pour la grande majorité des prêts existants. En effet, ne sont concernés que les crédits avec des taux supérieurs à 4,20%, c’est-à-dire signés à l’automne dernier. Or c’est justement à cette période que la production de nouveaux crédits immobiliers était la plus ralentie. Néanmoins certains crédits notamment les plus longs et les plus élevés seraient déjà gagnants à effectuer cette opération. Cependant, nous conseillons à tous d’attendre un peu car l’opération sera encore plus rentable quand les taux se rapprocheront des 3,20 % sans doute d’ici la fin de l’année ».

Sandrine Allonier, porte-parole du réseau d’agences de courtage en crédits immobiliers Vousfinancer, complète : « Les taux actuellement tournent autour de 3,50 % sur 20 ans contre 4,30 % fin 2023. L’écart conseillé entre ces deux taux est bien là. Renégocier son crédit est intéressant à partir de 0,7 point d’écart et là on a 0,8 point d’écart. Cependant, les crédits qui pourraient être concernés par une renégociation sont trop récents, donc en pratique, ce n’est pas intéressant. On conseille d’avoir amorti son crédit depuis 2 ans pour renégocier ».

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Alix Fieux: Journaliste de passion et juriste de formation, Alix Fieux aime aller à la rencontre des acteurs de l'immobilier pour découvrir les initiatives originales des agences et des entreprises qui renouvellent le secteur. Son deuxième sujet favori ? L’essor d’une nouvelle génération de ressources humaines qui concerne également les professionnels de la pierre, pour comprendre comment mieux recruter, manager et fidéliser leurs talents ! Auparavant, elle a également travaillé en tant que journaliste et responsable éditoriale pour différents médias et marques sur des sujets d'actualité variés.