L’EdiTAUX du marché et des crédits immobiliers : vers un été indien ?

Tandis qu’à l’heure où sont écrits ces mots, le choix du nouveau gouvernement français n’est pas encore annoncé, les questions liées au logement et au financement de l’immobilier vivent une véritable dichotomie. Analyse de la conjoncture des crédits immobiliers, par Bruno Rouleau, porte-parole et ancien directeur de la Stratégie et de l’Innovation chez AFR Financement.

Côté taux d’intérêt, le marché de la rentrée estivale présente actuellement des taux moyens en baisse entre 0,20 et 0,30 % sur toutes les maturités, dont la justification se trouve dans une inflation redescendue en dessous de 2 %, un message prudent mais plutôt optimiste de la Banque Centrale Européenne, et des objectifs de production de crédits immobiliers des banques très en retard, malgré la prudence de ceux-ci en début d’année.

Notre baromètre présente un panorama de plus en plus agréable pour les emprunteurs :

  • Prêts relais : entre 3,50 et 3,80 % (taux indiqués hors assurance de prêt)
  • Prêts sur 15 ans : entre 3,35 et 3,60 %
  • Prêts sur 20 ans : entre 3,40 et 3,70 %
  • Prêts au-delà de 20 ans : entre 3,65 et 3,85 %.

Pour peu qu’il y ait un apport de 10 % plus les frais de mutation, les dossiers présentés seront bien accueillis. Ca ne servira pas la baisse des prix, mais gageons que ça contribuera à redonner confiance…

Le contexte

Il parait ridicule de le rappeler, mais nos dirigeants politiques et leurs conseillers semblent ignorer que l’immobilier est un marché basé sur la confiance des ménages dans leur avenir. Parce qu’emprunter sur 20 ans (moyenne des durées de contrats de crédit immobilier signés) c’est long – quand bien même la duration (la durée réelle de vie d’un crédit) demeure très stable aux alentours de 8 ans pour les résidences principales, rappelons-le -, et que la charge du remboursement pèse pour 1/3 de ses revenus, sans compter les charges d’entretien.

Redonner la confiance signifiera avant tout donner de la visibilité. Aux candidats à l’achat, qu’ils soient investisseurs privés (non, les ménages investisseurs et bailleurs ne sont pas des profiteurs nantis !), ou publics, avec un véritable Plan Logement, réclamé par tous les professionnels depuis des années maintenant. Aux primo-accédants en leur permettant d’envisager le financement de leur projet. Aux acteurs du Logement, en leur précisant un horizon de mesures stables afin qu’ils acceptent d’engager des chantiers et de leur permettre d’investir de nouveau.

Pour l’heure, trop de questions demeurent sans réponse, trop d’annonces ont été faites de part et d’autre – et au-delà de toute sensibilité politique – pour assurer ce retour de la confiance. Heureusement l’envie est bien là concernant les ménages et les professionnels, mais aussi les banques. Il ne reste qu’à créer le liant dans tout cela pour faire repartir une machine qui devait se calmer, mais qui ne méritait pas le mauvais traitement que les gouvernants ont fait subir au marché ces dernières années.

Categories: Conjoncture
Bruno Rouleau: Bruno ROULEAU est co-fondateur et Délégué Général de la Fédération du Courtage en Crédit. Diplômé du CNAM dans le secteur bancaire, cadre durant une 20aine d’années au sein de 4 groupes bancaires. Il bascule dans le secteur de l’intermédiation bancaire en 2004, d’abord chez In&Fi Crédits qu’il rejoint peu de temps après leur création. Il en devient associé aux côtés de Pascal BEUVELET, crée avec lui l’IFIB (Institut de Formation) et l’activité de Financement Professionnel. Il y occupe aussi la fonction de Directeur des Partenariats, de l’Animation et Porte-Parole de l’enseigne. En 2010, il rejoint CAFPI au sein de la Direction Générale et du Comité Exécutif, en charge des Grands Accords, de l’Economie Sociale et de l’Organisation Interne. Passionné par l’entrepreneuriat, il crée en 2015 son cabinet de conseil en Formation et de conseil pour accompagner les entreprises et les réseaux dans leur virage digital, notamment dans la gestion de la relation Client. Revenu dans le secteur du courtage en crédit en 2018, il retrouve d’abord In&Fi Crédits comme membre du Comité de Direction, Directeur des Partenariats et Porte-Parole, et devient parallèlement secrétaire puis Président de l’APIC, avant de passer Secrétaire Général chez La Centrale de Financement, puis Directeur de la Stratégie et de l’Innovation, et Porte-Parole chez AFR Financement, tout en étant administrateur de la CNCEF Crédits jusqu’en juillet 2024. Il est également auteur d’ouvrages sur le courtage en crédit, référent réglementaire au sein d’organismes de formation, et intervenant en Faculté des Métiers.