Si le secteur du bâtiment est régulièrement dans le viseur des lanceurs d’alerte dans le domaine de l’environnement, c’est parce qu’il représente 40 % de l’énergie consommée en Europe, dont 26 % pour le bâtiment résidentiel. En 2002, pour encourager chaque État membre à passer à l’action, « l’Union européenne a adopté une directive sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD) qui a donné lieu à plusieurs dispositifs bien connus des professionnels de l’immobilier dont, en France, MaPrimeRenov’, la RE 2020… », rappelle Thomas Pellerin-Carlin, spécialiste des questions de l’énergie et député européen .
Révisée en avril, cette directive prévoit désormais de rendre le secteur du bâtiment neutre sur le plan climatique d’ici 2050. Tous les nouveaux bâtiments devront, par ailleurs, être à émission nulle à partir de 2028.
Pour que ces objectifs puissent être atteints, « les Français doivent plébisciter le chauffage produit à partir d’énergie primaire non-fossile, par exemple le solaire thermique, la pompe à chaleur, l’électricité décarbonée… », indique-t-il. Reste qu’en France – et à l’inverse des autres pays européens – les propriétaires se heurtent à un obstacle de taille : l’électricité est défavorisée dans le DPE par rapport aux énergies fossiles. En cause : le coefficient d’énergie primaire imposé par l’Europe. Pris en compte dans le calcul de la performance énergétique d’un bien, ce coefficient multiplie par 2,3 toute consommation électrique. Alors qu’aujourd’hui, le « tout-électrique » est mis à l’honneur dans nos usages de consommation, ce coefficient pénalise les logements chauffés à l’électricité, qui se voient attribuer une étiquette sévère. Et pourtant, en France, « notre électricité est largement décarbonée », précise Thomas Pellerin-Carlin. À hauteur de 92 % en 2021, selon le gestionnaire RTE.
Pour le député européen, le gouvernement français a toutes les cartes en main pour faire en sorte que l’électricité décarbonée s’impose à l’avenir. Déjà en allégeant la taxation de l’électricité. La nouvelle hausse des tarifs de l’électricité du 1er février 2024 encourage, par exemple, les Français à se reporter vers les énergies fossiles, non pas à investir dans des pompes à chaleur ou des poêles à bois pour leur logement. « D’autant plus que l’aide MaPrimeRenov’, qui permettait aux français de financer ces équipements, a été largement rabotée ».
Ensuite en donnant davantage de visibilité aux Français. « Dans d’autres pays comme la Suède, la politique climatique se pense sur le long terme. En France, à force de rétropédalages, la confusion est constante. » Thomas Pellerin-Carlin défend la mise en œuvre d’un plan pluriannuel des investissements, qui permettrait aux Français de se projeter plus facilement dans les aides visant à financer leurs travaux de rénovation.