Il y a, au grès des modes et des préoccupations sociétales partagées, des mots que l’on ne cesse de lire et d’entendre. Il ne vous a peut-être pas échappé que celui de « performance » est récurrent. Dans la presse généraliste comme spécialisée, dans les discours des entreprises comme dans celui des coachs, la « performance » s’est imposée comme un enjeu majeur, qui implique d’allier des compétences techniques et commerciales et de l’organisation, avec un mental d’acier pour parvenir aux meilleurs résultats. À cela, un nouvel impératif s’est ajouté depuis quelques années : celui que cette fameuse performance recherchée soit « saine ». Fini les sacrifices trop coûteux en termes de temps et d’énergie consacrés à la recherche de la productivité, les dirigeants comme les collaborateurs, qu’ils soient employés ou indépendants, ont fait comprendre qu’il était temps de mettre fin à la fatigue excessive liée au travail et à la souffrance qu’il peut en découler. L’heure est à la conciliation entre le bien-être professionnel et personnel.
Être performant, c’est aussi savoir se respecter et se protéger
Nicolas Dugay, auteur d’ouvrages sur le sujet, conférencier et formateur, peut le confirmer :
« Aujourd’hui, avoir un mental performant ce n’est plus nécessairement être un guerrier et une bête de travail insatiable. Les gens ont compris qu’avoir un mental performant, c’est aussi être capable d’être productif en se protégeant mieux, en se respectant mieux, et en faisant de même pour ses équipes ».
« Ainsi, à l’instar d’un sportif de haut niveau, un manager qui connaît ses ressources internes peut mieux gérer sa propre performance, et alterner entre productivité et temps de repos. D’ailleurs, regardez bien, les meilleurs leaders ont souvent un véritable équilibre. C’est bien cela qu’il faut viser ». Pour tenir la distance et mieux résister aux obstacles de parcours, les marathoniens comme les professionnels de l’immobilier ont besoin de ce juste équilibre.
Optimiser son biorythme et identifier ses leviers de motivation
Car il est temps d’en finir avec le mythe du manager multi-tâches, toujours disponible et sur-sollicité qui travaille sans s’épuiser. « Prenons l’exemple d’un dirigeant d’agence qui, pensant gagner du temps, jette un oeil à ses mails pendant une réunion sans les traiter. Finalement, il fait deux choses en même temps mais il les fait moins bien. Il augmente surtout sa charge mentale et perd en réalité du temps, car il va regarder une nouvelle fois ces mails à la sortie de la réunion. C’est du sabotage interne ! » alerte Nicolas Dugay.
« Des plages de repos, voire de divagation mentale sont nécessaires à chacun. C’est une réalité et il faut ainsi s’organiser en conséquence en mettant à profit les moments où l’on est plus éveillé, plus concentré ».
Il s’agit en fait pour chaque manager et chaque collaborateur de connaître son biorythme et de l’optimiser. « Au cours de nos journées, nous avons tous nos moments de concentration optimale et nos coups de mou. Par exemple, quand on sait que 70 % des gens sont du matin, il paraît pertinent de planifier nos rendez-vous importants sur ces créneaux horaires, afin de maximiser ses chances de les mener dans les meilleures conditions possibles. Cela fait une grande différence sur le résultat observé dans le temps ».
Si trouver son rythme de croisière est essentiel pour durer dans le temps, il faut immanquablement un but pour avancer. Nicolas Dugay met l’emphase sur l’importance de trouver ses « leviers de motivation ». Parmi eux : le plaisir que l’on prend à exercer son métier, à échanger, l’envie de réussir, l’exigence, l’amour de soi… « Il est important d’identifier ce qui nous plaît dans notre activité, mais aussi d’identifier quelles sont nos meilleures habiletés mentales pour y arriver : la créativité, la prise de risque ou de décision, la préparation au défi, le rapport au changement, la gestion de l’erreur, etc. Un bon manager fait ce même travail avec son équipe ».
Recruter le bon état émotionnel au bon moment
C’est justement l’une des missions que mène Nicolas Dugay pour accompagner les managers et leurs équipes dans cette démarche, grâce aux formations de son organisme PREFERA. « Avec mes deux associées Ingrid Petitjean — ancienne athlète de voile olympique — et Erika King-Son, nous avons conçu un outil de diagnostic de performance mentale pour les managers et les équipes que nous accompagnons. L’objectif de ce diagnostic est qu’ils apprennent à mieux se connaître, à prendre conscience d’eux-mêmes et à identifier leurs atouts comme leurs zones d’erreur. Ainsi, ils peuvent comprendre la cause de leurs échecs, aligner leurs raisons d’être professionnelle et personnelle, et in fine, apprendre à recruter ce que j’appelle le « bon état émotionnel au bon moment », pour faire une grande différence dans leur performance. C’est bénéfique pour eux, pour le client et pour l’agence ».
En somme, une approche globale à enclencher pour mobiliser les trois grands piliers de la performance mentale que sont la gestion de l’estime de soi, de ses énergies et de ses émotions. À bon entendeur !