On y croyait à cette reprise, d’autant que la saisonnalité printanière s’annonçait plutôt clémente, avec une baisse de plus en plus pressentie des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne, et un retour sur le marché du crédit de la quasi-totalité des enseignes bancaires.
Oui, mais… La prudence dont je faisais état le mois dernier était de mise et se justifie. Certes les indicateurs d’intention d’achat sont toujours bons, et indéniablement on continue de croiser les porteurs de projets, mais ça tarde à se concrétiser. La faute à un calendrier de congés scolaires très resserré, à un vrai risque de voir la notation de la dette souveraine française être dégradée tout prochainement, à l’approche d’échéances électorales toujours crispantes pour le monde politico-économique, et au dernier segment du cycle de crispation, à savoir la négociation forte à la baisse des prix de vente par les acheteurs.
Et bien contrairement à ce que cet empilement de freins peut laisser penser, je suis persuadé qu’on est sur le bon chemin. Les acheteurs essaient de forcer la fixation des prix, mais le marché reste tendu, toujours en raison de l’absence de signes forts des pouvoirs publics sur la relance du Logement. Les 30.000 logements à construire ne sont pas une annonce positive car le schéma initial était bien plus ambitieux. Et globalement le neuf demeure en panne, et devrait même continuer de s’enfoncer dans les prochains mois (phénomène d’inertie bien connu des professionnels non écoutés par le Gouvernement). L’assouplissement des règles sur le DPE et le retour des mono-gestes en matière de travaux d’amélioration minore la pression sur les propriétaires, mais se heurte toujours à des incohérences de terrain, dont la formation des professionnels de l’audit et la quantité de main-d’œuvre. Malgré tout cela, les nouvelles données s’installent, le marché se régule, et sauf situation géopolitique qui se compliquerait, on approche d’un retour à la normale. Car la normale ce sont 850.000 transactions par an. On l’a oublié avec l’euphorie du post-Covid, mais c’est bien la moyenne de ces dernières décennies.
Pour ce qui concerne nos taux d’intérêt, toujours bien orientés dans leur évolution – je parle pour les emprunteurs bien évidemment – le mois de mai sera un palier de consolidation du repli des premiers mois de l’année. Les banques ont commencé à réengranger des dossiers, et les directions financières suivent de près les projections de taux en cas de dégradation de la notation de la France. Les volumes ambitionnés sont ceux de l’an dernier. Quant au retour des durées de 30 ans, ça reste marginal (rappelons que la tentative de réforme du HCSF a été lâchée par le Gouvernement en pleine discussion parlementaire, contraignant le député Causse à retirer son projet…), et limité aux emprunteurs les plus jeunes, mais c’est un signal psychologique à noter.
Du coup, notre panorama des taux pratiqués en moyenne affiche pour ce mois-ci les fourchettes suivantes, quasi-stables, à savoir :
- Prêts relais : entre3,90 et 4,25 % (taux indiqués hors assurance de prêt)
- Prêts sur 15 ans : entre 3,45 et 4,00 %
- Prêts sur 20 ans : entre 3,60 et 4,20 %
- Prêts au-delà de 20 ans : entre 3,80 et 4,50 %