«Non, il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va ». Cette citation de Sénèque semble convenir à notre gouvernement ! Sait-il vraiment où il va en matière de logement ? On peut en douter ! Que sont devenues certaines promesses ?
Le logement est un sujet dont l’importance est inversement proportionnelle à son traitement politique. La déconnexion entre la puissance publique et la situation réelle du marché est totale. Le logement et l’immobilier sont décidément les mal aimés ! Assimilés à la rente et à sa connotation nauséabonde, ils font les frais des ajustements budgétaires successifs. On évoque la crise immobilière comme si elle arrivait par surprise ! Elle n’aura surpris que dans les cabinets ministériels.
Pouvons-nous enfin rêver d’un changement de matrice intellectuelle et idéologique ? Le courage doit être le déterminant de l’action… Encore faut-il avoir la volonté. La valse des ministres titulaires et leur rang protocolaire nous éclairent hélas. On nous promet une loi logement en juin. Le calendrier sera-t-il tenu ? L’ensemble des décrets issus de cette loi seront-ils pris dans la foulée, histoire de la rendre immédiatement applicable ?
Si chacun aspire à être logé dignement, nous en sommes loin. Il manque des logements en France, toutes catégories confondues. Nous n’avons pas assez construit ni assez rénové depuis au moins quinze ans. Il y a urgence à le faire : le triptyque construction rénovation – accession – investissement doit guider la politique. Il est primordial de voir revenir massivement les investisseurs institutionnels vers le logement, ils ont toute leur place à côté des investisseurs privés dans l’offre locative. Leur implication doit être durable et décorrélée de toute logique financière de court terme. La rénovation énergétique est lancée à marche forcée et son calendrier semble de moins en moins tenable.
Jugez plutôt : 500 000 logements rénovés chaque année jusqu’en 2030 et 700 000 au-delà. Notre capacité industrielle ne le permet pas, mais le risque de voir disparaître plusieurs millions de logements du parc locatif est clair. Construction en berne, marché bloqué, marché locatif très ralenti… La liste des activités impactées est longue. Ainsi, les architectes, les courtiers, l’industrie du bâtiment, les promoteurs (et non des moindres), la filière du meuble, les déménageurs, le crowdfunding immobilier, les agences et les entrepreneurs indépendants, etc.
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Le logement est utile à notre développement
Répétons-le : le logement est utile au développement économique via l’emploi, la mobilité sociale, la réindustrialisation. Il est aussi utile à la démographie ; combien de couples hésitent ou renoncent à concevoir un premier ou un second enfant, faute de pouvoir se loger correctement ? C’est pourtant une conséquence indirecte mais majeure des difficultés à se loger.
La fracture entre propriétaires et locataires s’accroît. Les premiers sont plus taxés, notamment depuis la disparition de la taxe d’habitation qui a fait bondir la taxe foncière. Les seconds ne contribuent plus via cette fameuse taxe d’habitation. Attention à un système à deux vitesses qui enverrait un mauvais signal aux candidats à l’acquisition et à l’investissement. L’État aurait-il oublié qu’il prélève sur le logement quatre fois plus de taxes qu’en 2010, à savoir 53 Mds d’euros dont 9 au titre des droits de mutation à titre onéreux ?
Nous devons nous montrer inventifs, avec des solutions hybrides et novatrices. La reprise probable du marché en 2025 ne gommera pas les enjeux principaux.