Tandis que l’annonce du déficit impressionnant du budget national laisse planer un gros doute sur le maintien prochain de la notation de notre dette souveraine, maintenant au passage une pression sur le niveau de l’OAT 10 ans aux environs de 2,90 %, le marché du crédit immobilier frémit et laisse penser que la saisonnalité printanière des acquisitions sera propice à un léger rebond. Si je prends tant de détours pour avouer que la tendance est au retour des prêteurs, c’est que tout cela demeure toutefois teinté d’une certaine réserve.
D’une part, parce que les candidats à la primo-accession restaient en attente du décret sur le Prêt à taux Zéro. Ça y est, nous l’avons ! Un effort sensible mais déjà annoncé se traduit dans les textes, avec notamment la création d’une ligne supplémentaire de zones pour étendre les territoires concernés par la tension locative, et un relèvement des tranches de revenus. Par contre, la construction individuelle reste le martyre de l’histoire, tandis que les promesses vertueuses du changement de mode de chauffage attendront encore un peu…
D’autre part parce que les banques sont prioritairement tournées vers la quête de dépôts. L’adage bancaire voulant que les crédits fassent les dépôts a pour conséquence que ces mêmes banques doivent desserrer l’étau de la distribution du crédit, mais elles ne le font pas à tout crin. Toujours compliqué de financer l’investissement locatif (à quand enfin la révision des normes du HCSF ??). Toujours une priorité donnée aux gros revenus, ou devrais-je préciser aux gros revenus assis sur un bon patrimoine (financier s’entend !)
Allez, revenons-en à nos taux d’intérêt, qui poursuivent leur pente baissière comme je vous l’annonçais le mois dernier. Les déclarations du Gouverneur de la Banque de France sont rassurantes (pour l’heure…) et même la BCE laisse filtrer un geste possible, sans doute d’ici cet été (Ah, les vertus de la communication financière !!).
Mais on ne va se plaindre de récupérer de-ci de-là 0,30 à 0,50 %. La différence est même encore plus flagrante lorsqu’il s’agit de protéger un bon client qui se lance dans un projet. La décote est de mise.
Du coup, notre panorama des taux pratiqués en moyenne affiche pour ce mois-ci les fourchettes suivantes :
- Prêts relais : entre 3,90 et 4,40 % (taux indiqués hors assurance de prêt)
- Prêts sur 15 ans : entre 3,55 et 4,00 %
- Prêts sur 20 ans : entre 3,65 et 4,20 %
- Prêts au-delà de 20 ans : entre 3,80 et 4,50 %
Le marché en lui-même est marquée par des tentatives de négociations des prix à l’achat, parfois très fortes, ce qui ralentit les délais de réalisation de certaines opérations. Les candidats à l’acquisition espèrent encore une baisse des prix. Les vendeurs commencent à lâcher un peu.
On sent s’approcher le point d’équilibre, mais qui ne se fera pas au prix de la baisse calculée de 15-20%, du moins pas de façon générale.
Le seul dernier frein au retour à plus de dynamisme concret serait de redonner une souplesse aux banques quant à la durée maxi des prêts distribués. D’autant qu’avec la baisse des taux, l’équation redevient raisonnable….