C’est une problématique qui ne cesse d’enfler : des arnaques ciblant les personnes à la recherche d’un crédit immobilier. En fin d’année 2023, la Chambre nationale des conseils experts financiers (CNCEF) avait d’ores et déjà alerté les pouvoirs publics sur ce « phénomène croissant ».
C’est en effet le sujet d’un reportage mené par France Télévisions, faisant le récit d’un couple victime d’une arnaque à l’apport personnel. Projetant de réaliser un achat immobilier, un jeune couple souhaite souscrire à un crédit immobilier et, comme de nombreux Français, il procède à des recherches sur Internet et effectue des simulations d’emprunt en ligne auprès de courtiers. Le couple renseigne alors un certain nombre de données personnelles sur un site frauduleux, se faisant passer pour le courtier Meilleurtaux.com. Quelques jours plus tard, un soit-disant conseiller bancaire d’Hello Bank appelle la jeune femme et lui propose un taux d’emprunt très intéressant. Le couple accepte et le faux conseiller leur demande de verser leur apport personnel sur un compte afin de leur garantir l’obtention du prêt. En l’occurrence, 26 000 euros.
Le versement est réalisé et il est trop tard lorsque le couple réalise qu’il s’agit d’une arnaque.
Un phénomène croissant et un mode opératoire récurrent
Comme le précise Le Parisien, de nombreuses arnaques de ce type ont été signalées sur le site Signal-Arnaques, avec un mode opératoire récurrent : de faux conseillers bancaires contacte des futurs acheteurs en se servant des données qu’ils ont eux-mêmes renseignés sur un comparateur en ligne. Leur objectif est de dérober l’apport personnel des victimes.
Malheureusement, le nombre de ces sites frauduleux augmente considérablement et leur apparence ressemble à s’y méprendre aux sites officiels de courtage. Guillaume Autier, président de Meilleurtaux.com interrogé par France Télévisons, explique que plusieurs faux sites sont même créés chaque semaine. L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a récemment ajouté 346 nouveaux sites frauduleux à sa liste noire, en plus des 1 262 qu’elle comptait déjà en 2023. Selon Guillaume Autier, le préjudice total des victimes s’élèverait à plus d’un milliard d’euros avec, dans la majorité des cas, des sommes d’argent perdues qui ne seront jamais retrouvées.
Petit lexique des bons conseils à donner aux clients
Dans une note du mois de février 2024, le site de Bercy appelle justement à la plus grande vigilance à ce sujet. Les professionnels de l’immobilier peuvent ainsi avertir les particuliers et leur recommander de se méfier des « offres de crédit très avantageuses qui sont présentées comme exceptionnelles« . Les mauvais signaux à repérer sont notamment :
- un taux d’intérêt très bas,
- une durée de remboursement très longue,
- aucune évaluation de votre solvabilité (situation financière),
- aucunes conditions de revenus, ni de garanties demandées,
- des frais (de dossier, d’assurance, etc.) à payer rapidement et à envoyer via un service de transfert d’argent international pour pouvoir supposément débloquer le crédit,
- une promesse d’obtention du crédit sans délai avec un déblocage des fonds en moins de 48 heures.
Le Ministère de l’Économie et des Finances recommande également de vérifier systématiquement que « l’interlocuteur est autorisé à proposer des produits bancaires en consultant le registre des agents financiers – REGAFI et le site de l’ORIAS, organisme chargé de tenir le registre des intermédiaires en assurance, en banque ou en financement participatif. » Il ajoute : « Si la société ou la personne n’est pas mentionnée dans ces registres, il s’agit probablement d’une arnaque. Et même si elle y est mentionnée, le risque existe quand même. Le professionnel a pu se faire usurper son identité ».