Le premier ministre, Gabriel Attal, a assuré ce mardi 30 janvier devant l’Assemblée nationale vouloir débloquer le secteur immobilier. Dans cette optique, il a annoncé « un choc de l’offre », une proposition déjà lancée par Emmanuel Macron en 2018, au moment de la loi Elan.
Pour remédier à la crise du logement, le chef du gouvernement a ainsi annoncé cinq mesures lors de son discours de politique générale.
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Une simplification des normes
Dans un premier temps, Gabriel Attal souhaite simplifier les normes.
« Nous allons simplifier massivement les normes : revoir les DPE, simplifier l’accès à MaPrimeRénov’, faciliter la densification, lever les contraintes sur le zonage, accélérer les procédures », a-t-il ainsi déclaré.
Toujours dans cet esprit de simplification, le gouvernement désignera, dans deux semaines, vingt territoires engagés pour le logement au sein desquelles toutes les procédures seront accélérées, à l’instar de ce qui a été mis en place dans le cadre des JO de Paris 2024. L’objectif ? « Y créer 30 000 nouveaux logements d’ici 3 ans ».
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Une modification des quotas HLM et des réquisitions
Concernant le logement social, là encore l’heure est à la facilitation. Gabriel Attal a ainsi annoncé vouloir « donner la main aux maires pour la première attribution dans les nouveaux logements sociaux construits sur leur commune ». L’objectif ? Inciter à construire davantage de logements sociaux.
Le premier ministre souhaite également revoir le décompte des logements sociaux au titre de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU). Il faut dire que les communes de plus 3 500 habitants, dans le cadre de la loi SRU, doivent disposer d’au moins 25 % de logements sociaux d’ici 2025 et qu’un certain nombre d’entre elles sont encore loin des clous. Pour y remédier, le gouvernement propose « d’ajouter pour une part les logements intermédiaires, accessibles à la classe moyenne, dans ce calcul ».
Toujours pour faciliter l’accès au logement, Gabriel Attal souhaite également « procéder à des réquisitions pour des bâtiments vides, notamment des bâtiments de bureaux ».
Enfin, le premier ministre a annoncé l’examen au printemps prochain d’un projet de loi qui aura pour but de « déverrouiller certaines professions comme les syndics ».
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Des professionnels de l’immobilier en colère
Les propositions de Gabriel Attal n’ont pas tardé à faire réagir les professionnels du secteur. Et force est de constater que la plupart ont sèchement critiqué les annonces du premier ministre.
Le président de la FNAIM, Loïc Cantin a ainsi immédiatement réagi, appelant le gouvernement proposer de réelles solutions. « Le logement subit de plein fouet une crise qui frappe durement nos compatriotes. Cette crise historique est la plus importante depuis la Seconde Guerre Mondiale. Malgré cette situation, le gouvernement n’a pas de feuille de route claire ni de moyens concrets. Il n’y a pas de volonté réelle de faire du Logement une priorité », a ainsi déclaré Loïc Cantin. Et d’ajouter : « Sur la simplification, le premier ministre s’égare. L’urgence n’est pas à déverrouiller la profession des syndics mais à soutenir leur action et leur rôle déterminant dans la mise en œuvre de la rénovation énergétique des copropriétés. Ne nous trompons pas de combat ! La FNAIM reste plus que jamais vigilante ! »
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Quant à Henry Buzy-Cazaux, président fondateur de l’Institut du Management des Services Immobiliers, ce dernier n’a guère été plus tendre face au discours de Gabriel Attal : « Les propos sur le logement du premier ministre laissent la communauté professionnelle et associative abasourdie. Des idées reçues et des expressions usées, comme le choc d’offre, sans mesure pour le créer, ou la simplification, rien pour soutenir la demande, exténuée. »
Même amertume du côté de Stéphane Fritz, président du réseau Guy Hoquet : « Des solutions partielles face à un défi colossal. Voici comment je qualifie les mesures proposées par le premier ministre Gabriel Attal pour le logement. Un choc d’offre ? Avec 30 000 constructions promises ? Les calculs ne sont pas bons, Monsieur le premier ministre : il manque un « 0 » ! ».
Concernant les logements sociaux, l’Union sociale pour l’habitat (USH) y voit « une nouvelle attaque contre l’article 55 de la loi SRU, en amoindrissant ses exigences ». Et de déplorer : « Les 30 000 logements attendus (…) ne représentent même pas le déficit d’agréments de logements sociaux de l’année 2023 ».
Pour Damien Hereng, président de la Fédération Française des Constructeurs de Maisons Individuelles (FFC) : « Si l’appui au logement social et intermédiaire reste essentiel, il est impératif de porter une attention équivalente aux enjeux entourant le secteur du logement privé. Sans cette démarche, la résolution de la crise du logement demeurera hors de portée ».
Enfin, Manuel Domergue a également réagi auprès de l’AFP. Pour le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre : « C’est scandaleux d’intégrer dans les quotas de la loi SRU les logements locatifs intermédiaires qui sont destinés plutôt aux classes moyennes, voire aux classes moyennes supérieures », rappelant au passage que « les trois quarts des demandeurs de logements sociaux » soit 2,6 millions de ménages « attendent un logement très social ».
Une première salve de mesures du gouvernement Attal qui n’aura donc pas calmé des acteurs du logement déjà très en colère…
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