Le 5 décembre dernier, Patrice Vergriete a accepté de se prêter à un jeu de questions-réponses chronométrées digne d’un débat de second tour présidentiel devant une salle remplie de professionnels de l’immobilier peu acquis à sa cause. L’occasion pour Loïc Cantin, son interlocuteur, de porter la voix de toute une profession et d’appeler à des mesures urgentes pour le logement.
Baisse des rentrées de droit de mutation à titre onéreux, effondrement de la production de crédits de l’ordre de 50 %, hausse des taux d’intérêts, baisse du pouvoir d’achat immobilier… Il faut dire que le marché immobilier est entré depuis plusieurs mois dans une crise sans précédent.
Alors que la crise du logement s’aggrave de jour en jour, le président de la FNAIM a exprimé son regret que « le Gouvernement ne semble pas prendre la pleine mesure des défis auxquels font face les Français », et a enjoint le ministre du Logement à mettre tout en œuvre pour « redonner confiance aux propriétaires bailleurs, maillon essentiel de la chaîne du Logement, et donc indispensable pour loger des millions de compatriotes ».
Sensible à ce discours, le ministre du Logement s’est engagé à soutenir les bailleurs privés. « Nous attendons maintenant de savoir comment cela va se concrétiser », a réagi Loïc Cantin.
Face à la hausse des taux d’intérêt et au resserrement de l’accès au crédit qui privent de nombreux ménages de l’accès à la propriété, Loïc Cantin a ainsi réitéré sa requête d’autoriser la portabilité et la transférabilité des prêts en cours, pour accompagner les acquéreurs et vendeurs et donner un peu de respiration au marché du logement.
Une proposition qui ne trouve pas d’écho auprès du ministre du logement. « Je sais que la FNAIM propose depuis plusieurs mois d’instaurer la transférabilité et la portabilité des prêts immobiliers. Néanmoins, je me suis renseigné, et cette mesure ne pourrait se faire que sur les nouveaux prêts qui pourraient être signés. Malheureusement, cela réduit donc considérablement l’impact de cette mesure », a ainsi répondu Patrice Vergriete,
Autre point d’achoppement : le calendrier de la rénovation énergétique imposé par la loi Climat et Résilience. « Avant la promulgation de la loi Climat et Résilience, il n’y a pas eu assez d’études de faisabilité », a regretté Loïc Cantin. Et de souligner : « Les passoires énergétiques F et G représentent 4,8 millions de logements. En moyenne, il faut 40 000 € de travaux pour sortir ces logements de l’indécence énergétique. Cela représente donc 200 Md€ de travaux, soit 50 Md€ par an pour tenir les échéances climatiques. C’est mathématiquement impossible. » Face à ce constat, le président de la FNAIM réclame désormais un « plan Marshall pour la formation à la rénovation dans la filière bâtiment ».
« Ce qui est concerné au 1ᵉʳ janvier 2025, c’est le parc locatif classé G, soit 646 000 logements, auxquels il convient d’ajouter les 150 000 logements classés G+ qui sont déjà concernés par l’interdiction de location et qui doivent être rénovés. Si on reporte le calendrier, on ne fait que déplacer le problème dans le temps. Le même problème se posera à nouveau », a rétorqué de son côté le ministre du Logement.
Compte tenu du risque de diminution de l’offre de logements et du défi de la rénovation énergétique, Loïc Cantin a par ailleurs renouvelé, auprès du ministre, son plaidoyer en faveur de la mise en place de la « Vente en l’état futur de rénovation », un contrat qui subordonnerait la transaction à la réalisation de travaux de rénovation énergétique par le vendeur, dont le prix serait intégré au prix de vente.
« Ça ne me plaît pas d’être le ministre de la crise du logement, on essaie de sortir par le haut de ces problèmes », a tenu à rappeler Patrice Vergriete. Face aux inquiétudes du secteur, le ministre du logement s’est également engagé s’opposer à toute remise en cause de la loi Hoguet, et a déclaré se tenir aux côtés des professionnels de l’immobilier, qu’il considère « comme de réels tiers de confiance » avec lesquels il souhaite travailler.