LE TÉMOIGNAGE
C’est décidé, j’oublie la crise ! Ou, plus exactement, puisque c’est la crise, puisque nous avons si peu d’impact sur l’humeur générale des acheteurs et des vendeurs, j’ai décidé de chercher de nouvelles solutions. C’est réellement l’heure d’innover, à la fois pour préserver notre chiffre d’affaires et pour garder le meilleur niveau de bénéfices. Mais ce n’est pas la première fois que cette volonté de changement me prend… Or, à chaque occasion, j’ai eu la même difficulté : comment faire passer l’innovation ? Comment amener les collaborateurs à changer leur manière de faire les choses ? Comment – rêvons un peu – leur suggérer d’avoir eux-mêmes la motivation de faire nouveau, de faire mieux ? J’ai essayé plusieurs méthodes, je me suis même fait aider par de soi-disant spécialistes du brainstorming… Aucun résultat ! La discussion a viré au jeu de massacre, toutes les idées nouvelles ont été ouvertement refusées ou bien se sont ensablées. Non seulement c’est mauvais pour les affaires, mais ce n’est pas fun ! Que faire ?
Les erreurs à éviter
Un(e) dirigeant(e) plus dynamique que ses équipes, c’est presque logique. Mais la meilleure innovation est celle qui est partagée. Pour y parvenir, plusieurs options se sont avérées de fausses bonnes idées.
Le brainstorming classique.
La réunion où tout le monde est invité à parler « librement » tourne toujours à l’avantage des bavards. Et au moment du debriefing, les idées nouvelles sont systématiquement attaquées. Souvent il n’en sort rien de concret.
La boîte à idées.
L’anonymat est supposé libérer les suggestions… Mais cela n’a guère de sens dans de petites équipes.
Les recommandations
On aimerait penser à l’innovation comme un moment unique, un « eurêka ! » génial qui résout tous les problèmes en même temps. En fait, on gagne à la concevoir comme un processus composé de plusieurs étapes, avec 2 réunions de 1 heure chacune. Pas plus !
La première réunion se compose de deux parties.
D’abord, la génération d’idées. Plus il y a d’idées, meilleures sont les chances qu’il y en ait de bonnes. Permettre à chacun de s’exprimer est vital. Pour y parvenir, bannissez les réunions classiques. Passez à la réunion silencieuse : avant d’échanger les idées, obligez toute l’équipe (vous aussi !) à écrire ses idées d’innovation. Fixez un délai, par exemple 15 ou 20 minutes, ainsi qu’un objectif ambitieux : 15 idées nouvelles pour chacun. Le mieux : rédiger chaque idée sur un Post-it.
Ensuite, le partage et le développement des idées. Faites afficher par chacun ses idées sur un pan de mur et donnez du temps à tous pour lire les idées des autres.
Puis faites regrouper les idées voisines. Ensuite, seulement, donnez la parole à chaque collaborateur pour qu’il explique les suggestions qu’il a affichées. Mais là aussi, posez une règle pour éliminer les tueurs de nouveauté : on ne peut réagir à une idée que pour la développer, pas pour la critiquer. À ce stade, on peut arrêter la réunion en laissant les Post-it affichés, pour mieux se retrouver quelques jours plus tard.
La deuxième réunion est consacrée à la sélection des idées.
Préparez un grand tableau ou un paper board où vous aurez dessiné un carré divisé en quatre cases. Cela vous permettra de faire classer les Post-it par votre équipe selon deux critères : l’impact et la faisabilité. Les cases du carré forment une matrice : impact faible ou fort, faisabilité faible ou forte.
Quand l’équipe est parvenue à un consensus, concentrez la discussion sur les idées faisables et impactantes, dans deux directions. D’abord, pour vérifier – chiffres à l’appui si possible – qu’il s’agit de bonnes idées. Enfin, et surtout, pour établir un calendrier et passer à l’action !