Pour cette nouvelle édition, le Congrès de l’Unis s’est installé pour deux jours au cœur du Parc Chanot de Marseille. Ce rendez-vous désormais incontournable du secteur immobilier, qui a cette année pour thème « Loger, Rénover, Aménager : Immobilier, l’état d’urgence », a réuni 1 200 congressistes et partenaires.
L’Unis dit « non, merci ! »
« La production de logement tragiquement insuffisante due notamment à la diminution des permis de conduire accordé par les maires […] Non, merci ! », « La suppression de l’incitation fiscale Pinel sacrifié sur l’autel du sacrifice des équilibres budgétaires et sans la moindre perspective sur l’avenir, non merci ! », « La multiplication par 4 des taux d’intérêt en 2 ans à peine, cumulée à la baisse du nombre de crédits accordés, faisant chuter le nombre de transactions de près de 20 % […] Non, merci ! », « Les propositions de la Haute Autorité de la concurrence sur l’entremise immobilière qui vise à saucissonner et à tronçonner en petits morceaux les différentes étapes de la transaction, probablement au détriment du consommateur, non merci ! », « L’effondrement des biens à louer dans des proportions jamais atteintes jusque-là, non merci ! », « Le calendrier actuel de la loi Climat et Résilience […] Non, merci ! », a énuméré Danielle Dubrac, la présidente de l’UNIS dans son discours d’ouverture.
En jouant sur les figures de style, cette dernière a ainsi souhaité rappeler les multiples difficultés auxquelles doit faire face la profession immobilière depuis quelques mois. Il faut dire que les deux jours consacrés à ce Congrès national sont aussi pour l’Unis l’occasion de mettre en avant les solutions que proposent le syndicat pour tenter d’enrayer la crise du logement. Parmi les propositions, on peut ainsi citer la décentralisation de la politique du logement et la mise en place d’un partenariat avec les pouvoirs publics, la création d’un statut de bailleur privé, une Question prioritaire de constitutionnalité sur la loi Climat et Résilience à l’occasion d’un recours contre le décret « décence énergétique », ou encore : la suppression – pendant un temps limité – des droits de mutation à titres onéreux (DMTO) pour les primo-accédants.
Les nouvelles pistes du Gouvernement
En ouverture des débats, le nouveau ministre du Logement, Patrice Vergriete, a ensuite pris la parole devant un parterre de professionnels qui attend depuis plusieurs mois une réaction du Gouvernement pour tenter d’enrayer la crise du logement. Une prise de parole, par ailleurs, d’autant plus scrutée que les annonces décevantes d’Elisabeth Borne en juin dernier qui faisaient suite aux propositions du CNR consacré au Logement, avaient provoqué une vive réaction unanime du secteur.
Dans un discours d’une dizaine de minutes, Patrice Vergriete a choisi d’aborder la situation du logement actuelle en France, les priorités du Gouvernement, sans oublier les orientations des politiques à venir. « Nous sommes indéniablement dans un moment de crise énorme : hausse des taux d’intérêt, hausse du coût des matériaux, problématique des permis de construire… Mais une crise économique que l’on avait vue arriver », a déclaré le ministre du Logement. Et d’ajouter : « Ce qui est une surprise, c’est la violence avec laquelle elle touche le secteur ». Pour faire face à ce contexte difficile, relancer la machine, et surtout renouer des liens de confiance entre le Gouvernement et les acteurs de la profession immobilière, Patrice Vergriete a présenté le cap des actions à venir. « L’essentiel de mon travail aujourd’hui est de savoir comment répondre à cette urgence. Le modèle économique de la production de logement est aujourd’hui largement déséquilibré et ma priorité aujourd’hui est de le rééquilibrer », a-t-il ainsi souligné. Plutôt que de « construire partout », le ministre défend plutôt « la rénovation ».
Autre priorité : la décentralisation. « Il faut renforcer la capacité d’agir et la marge de manœuvre des acteurs du territoire, ils disposeront de davantage de moyens et de davantage de responsabilités, mais cela veut dire aussi de devoirs », a-t-il ainsi souligné. Parmi les autres pistes évoquées : « un barème pour recentrer le prêt à taux zéro », « le développement du logement locatif intermédiaire », ou encore « un alignement de la fiscalité des bailleurs de type Airbnb ». Il reste désormais à savoir si ces premières propositions suffiront à rassurer la profession.