Priorité aux rénovations performantes, la clé d’une transition écologique réussie. Le gouvernement ne jure plus que par elle. Au lendemain du CNR, la Première ministre annonçait 200.000 rénovations performantes par an dès 2024. Terriblement ambitieux.
C’est dit et redit, l’énorme majorité des travaux financés par MaPrimeRénov’ et autres subsides de l’État demeure monogeste. Très exactement, 65.939 rénovations performantes ont été financées par l’Anah (Agence nationale de l’habitat) en 2022. Et 90.000 sont escomptées pour 2023. Pour le moment, le compte n’y est pas. À la fin du premier trimestre 2023, l’Anah recensait (seulement) 9.853 rénovations globales. Leur nombre semble même en recul.
Nous sommes loin encore des 200.000 rénovations voulues dès 2024. Dans la feuille de route dévoilée en juillet par le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), l’objectif ne constitue cependant qu’une étape. Discrète, cette structure inédite voulue par le Président de la République après sa réélection, est devenue un rouage essentiel de la politique gouvernementale en matière de transition écologique. À elle d’élaborer et de coordonner la stratégie en matière de climat, d’énergie, de biodiversité et d’économie circulaire.
Pour permettre une baisse drastique des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030 (-55 % des émissions par rapport à 1990), le SGPE dessine une trajectoire. 200.000 rénovations globales en 2024, puis 317.000 en 2025, 433.000 en 2026, 117.000 de plus encore en 2027, etc. Jusqu’à atteindre 900.000 rénovations performantes en 2030. Le tout soutenu par une montée en puissance du secteur bâtiment avec 200.000 emplois supplémentaires. Et de Mon Accompagnateur Rénov’, avec 7.000 à 10.000 conseillers en 2030, toujours selon les projections du SGPE.
75% de chaudières fioul et 20% de chaudières gaz en moins
C’est autant de logements vertueux demain, moins gourmands en énergie, moins émissifs en gaz à effet de serre. Pourtant, ce n’est pas le principal levier actionné pour réduire des émissions de gaz à effet de serre. Pour être enfin dans les clous, le SGPE compte d’abord sur la disparitions progressive des énergies fossiles.
En diminuant le nombre de chaudières gaz et fioul dans les foyers français, le gisement d’économies représente deux fois plus que les quelque 3 millions de rénovations globales potentiellement réalisées d’ici à 2030. « En parvenant à supprimer 75 % des chaudières au fioul d’ici 2030, et baisser d’environ 20 % les chaudières au gaz (hors pompe à chaleur hybrides), nous pouvons atteindre une baisse de presque 40 % des émissions directes du secteur », livre le SGPE dans un document de synthèse.
Pour le fioul, la réglementation est déjà en vigueur. On comptait encore 10 % de foyers équipés d’une chaudière fioul en 2021. A horizon 2030, ils ne représenteront plus que 3,6% selon le SGPE. Pour le gaz, rien d’officiel pour le moment, une consultation publique reste en cours. Mais on se dirige vraisemblablement vers une interdiction d’installer une chaudière neuve dans l’ancien.
En 2022, environ 83.000 chaudières gaz ont déjà été supprimées en France, cela reste insuffisant. Le SGPE préconise d’accélérer la sortie du gaz pour remplacer environ 20 à 25% du parc actuel d’ici à 2030, soit près de 3 millions de chaudières à remplacer. Au bénéfice, bien entendu de la pompe à chaleur (y compris hybride) qui pourrait produire 1,3 million d’unités par an d’ici 2030.
Source : Infodiag