Pascal Boulanger, président de la FPI, nous dit « La voiture est en panne sur le bas coté avec les warnings allumés ! ». Un autre président, il y a longtemps, nous disait « notre maison brûle et nous regardons ailleurs » !
C’est de cela dont il s’agit aujourd’hui. Le choc de l’offre promis durant le dernier quinquennat se fait toujours attendre. Pire : la construction neuve s’effondre et l’ombre de la rénovation énergétique à marche forcée plane sur le marché de l’existant.
Dans le neuf, l’augmentation du coût de construction et les difficultés d’accès au crédit se traduisent par des réservations en baisse (-25 % sur un an) et un désistement sur deux en décembre par exemple. Le crédit plus cher et difficile s’ajoute évidemment. Autres perdants : l’aménagement des territoires et la revitalisation des zones rurales qui en ont tant besoin. Produire du logement abordable deviendrait une équation impossible à résoudre, principalement en considération des prix du foncier.
Parmi les causes de certaines de ces difficultés, évoquons la suradministration du logement, la fiscalité, ainsi qu’une trajectoire environnementale non réaliste. Il faut se donner les moyens d’atteindre les objectifs fixés.
Le difficile chantier de la rénovation énergétique
Les études et projections diverses s’accordent à dire que la France aura besoin de 5 millions de logements supplémentaires dans les dix prochaines années ! Autrement dit, le parc de logements doit augmenter, tant en construisant qu’en rénovant. Mais comment faire avec un calendrier aussi rapide et rigide ? Comment éviter la menace de voir disparaître du marché locatif des centaines de milliers de logements en 2025, pour ne citer que cette balise ?
L’exercice n’est pas facile, mais il faut très vite harmoniser les diagnostics DPE. C’est d’autant plus urgent que depuis le 1er avril, l’audit énergétique chargé d’estimer les travaux nécessaires et le gain en découlant, est applicable, d’abord pour les F et G puis les E en 2025 et les D en 2034. La cohérence entre DPE et audit énergétique s’impose ! Les diagnostiqueurs, entreprises RGE et autres bureaux d’étude devront y veiller.
Une autre préoccupation émerge : celle des maisons individuelles dont bon nombre sont classées F ou G. Elles sont les premières concernées par le budget de travaux, estimé entre 40 et 60K d’euros, ce qui représente au moins un quart de leur prix de vente. Peut-on laisser ainsi des propriétaires désemparés perdre d’un seul coup de telles sommes ? Certes, si l’on ne loue pas ce n’est pas obligatoire, mais qui ne négociera pas le prix de vente au nom de son propre confort de vie ? Il serait de bon augure de se préoccuper des mesures d’accompagnement ad hoc. Voilà une nouvelle bombe sociale en puissance !
Comment et qui pourra résoudre cette équation ? Pouvons-nous encore nous montrer optimistes ? Changer durablement les choses suppose courage et volonté politique afin d’enjamber le calendrier électoral. Elle peut se retrouver dans le Conseil national de la refondation Logement, composé de femmes et d’hommes compétents particulièrement connaisseurs du sujet. Il leur appartient de préparer notre avenir.