« Il faut arrêter immédiatement cette cacophonie car nous sommes aujourd’hui en alerte rouge. Il va falloir agir sur tous les fronts : relance de la construction de logements, mobilisation du parc existant vers la rénovation énergétique, meilleure accessibilité aux crédits notamment pour les primo-accédants et incitation des bailleurs privés à continuer à louer leur logement », déclare en préambule Danielle Dubrac, présidente de l’Unis.
Pour l’Union des Syndicats de l’Immobilier, la France connaît en effet une crise majeure et multifactorielle du logement, à laquelle le Gouvernement doit répondre au plus vite. C’est d’ailleurs en ce sens que toutes les grandes organisations du secteur ont interpellées le président de la République dans une lettre ouverte publiée la semaine dernière suite au report des conclusions du CNR Logement, attendues le 9 mai dernier.
« Nous sommes à un moment crucial pour le logement dans notre pays. A la limite de la rupture. Et sans politique du logement digne de ce nom ni ligne claire des pouvoirs publics, nous risquons une paralysie qui affectera durablement nos concitoyens. Les professionnels de l’immobilier sont prêts et mobilisés pour aider leurs clients. Ils défendent des propositions claires. Mais ils attendent une clarification des règles du jeu », ajoute Danielle Dubrac.
Une offre locative insuffisante
Au cours du point presse, l’Unis n’a pas manqué de pointer du doigt la dégradation de l’offre de logements locatifs. Patrick Lozano, président de l’Unis Rhône a ainsi annoncé une baisse de 15 % dans son département, tandis que Nicolas Rastit, président de l’Unis Marseille Provence Corse, a constaté dans la Cité Phocéenne une offre locative qui a diminué de 88,8 %. « Ici, à Marseille comme dans toute la région, nous constatons tous les jours que la machine de l’immobilier se grippe. L’accès au crédit est devenu quasi-impossible, il n’y a plus de logements à louer et peu de constructions, avec des permis qui sont accordés au compte-goutte. Au final, tout le monde en pâtit, et c’est intolérable », a ainsi alerté ce dernier.
Les raisons de cette baisse de l’offre locative ? Les obligations de travaux rénovation énergétique et l’encadrement des loyers qui poussent certains propriétaires bailleurs à ne pas renouveler leurs baux pour se tourner vers d’autres investissements, des locations meublées ou des Airbnb. A Paris, un premier bilan de l’encadrement des loyers réalisé lors de la réforme par la loi ELAN a ainsi révélé une perte de 50 000 unités locatives en cinq ans. Un effet préjudiciable, sans compter que le dispositif semble ne pas toujours produire l’effet escompté : « En 18 mois, à Lyon, 62 dossiers ont été présentés, 29 ont été traités et seules 7 baisses de loyers ont été constatés », a ainsi illustré Patrick Lozano.
L’UNPI 69, l’UNIS Lyon-Rhône et la FNAIM du Rhône ont également évoqué les effets indésirables du permis de louer actuellement étudié par la métropole qui associe les bailleurs à des « marchands de sommeil sans scrupule », et dénoncé les obligations croissantes et intenables mises à la charge des propriétaires et des bailleurs privés.
Un soutien à la rénovation énergétique indispensable
Autre écueil mis en avant lors du point presse : l’accompagnement à la rénovation énergétique. Le sujet ne fait pas débat : « Mettre le parc immobilier français au niveau des standards énergétiques européens est une nécessité ». Mais pour cela, il est impératif de mieux accompagner la rénovation énergétique grâce à des moyens à la hauteur des enjeux, de façon à rendre les objectifs atteignables avec les ressources des ménages.
Dans cette optique, l’Unis réclame outre un financement public accru, des solutions bancaires avec notamment la création d’une banque de la rénovation énergétique. Une demande qui est restée lettre morte jusqu’à présent a souligné Olivier Safar. « À défaut, il faudra se résoudre à assouplir le calendrier imposé par la loi climat et résilience notamment pour le rendre compatible avec les contraintes de prises de décision en copropriété et éviter des pertes irréversibles dans le parc locatif privé », prévient l’Unis. Et de conclure : « Il est urgent de clarifier les règles du jeu, et de passer à un Plan de Rénovation Global cohérent, ambitieux, lisible et financé ».