Après une année 2022 marquée par des taux d’intérêt exceptionnellement bas, des volumes de transactions élevés et des hausses de prix, le marché immobilier semble prendre une tout autre tournure à l’aube du printemps. Et pour cause, la politique monétaire restrictive de la Banque Centrale Européenne qui vise à lutter contre l’inflation a durci les conditions d’accès au crédit et entraîné mécaniquement une hausse des taux d’intérêt. Le taux moyen en France pour un prêt immobilier sur 20 ans s’établit ainsi désormais à près de 3 % en mars 2023 quand il était encore de 1,3 % en mars 2022. Et les taux d’intérêt devraient continuer d’augmenter dans les mois à venir si l’on considère, d’une part les décisions de la BCE de ces derniers mois, et la levée récente du “blocage” lié au taux d’usure d’autre part. Interrogés par SeLoger, les porteurs de projets immobiliers semblent d’ores et déjà anticiper cette potentielle nouvelle hausse de taux. 81 % des futurs acquéreurs et 83 % des vendeurs s’attendent ainsi à une nouvelle hausse des taux d’intérêt dans les 6 prochains mois. Conséquence : « Sur les 85 % de futurs acquéreurs qui auront recours à un crédit immobilier, 49 % d’entre eux se déclarent inquiets quant à son obtention », précise Barbara Castillo-Rico, responsable des études économiques de SeLoger.
Acheteurs et vendeurs s’accordent sur une baisse des prix
Les mois de janvier à mars ont enregistré une baisse globale de -0,3 % pour les appartements et -0,1 % pour les maisons. Alors que le printemps signe en principe un pic du côté des prix immobiliers, le marché va–t-il s’engager dans un cycle baissier ? C’est en tout cas ce que semblent croire 53 % des futurs acquéreurs et 61 % des vendeurs, soit la part la plus élevée depuis 2020. Ces derniers anticipent ainsi une baisse des prix dans les 6 prochains mois. « Les vendeurs pourraient décider de revoir le prix de leur bien à la baisse afin de vendre plus vite et éviter ainsi une potentielle baisse future plus importante. En effet, les principales craintes avancées par les 58 % de vendeurs, qui se déclarent inquiets quant à la vente de leur bien, étant de ne pas vendre leur bien assez vite (30 %) ou en dessous du prix du marché (25 %) », analyse Barbara Castillo-Ric
Des acheteurs et des vendeurs de moins en moins confiants
Si être propriétaire d’un bien immobilier est considéré comme un élément rassurant par 69 % des acquéreurs et 71 % des vendeurs compte-tenu du contexte géopolitique et économique actuel, ces derniers semblent pourtant désormais frileux à passer le cap. 37 % des vendeurs jugent ainsi que c’est le bon moment pour vendre, contre 69 % en février 2022 ; et seulement 30 % des acheteurs pensent que c’est le bon moment pour acheter, contre 39 % en février 2022. Mais attention, l’heure n’est pas au défaitisme selon SeLoger. Si le niveau de confiance quant à l’aboutissement de leur projet immobilier dans les 6 prochains mois est en effet en baisse (49 % des vendeurs contre 62 % en février 2022 et 45 % des futurs acquéreurs contre 56 % en février 2022), seule la fin du printemps et son bilan en termes de transactions permettra de se prononcer sur un éventuel affaiblissement du marché immobilier français.