Il faut dire qu’entre la création du premier DPE vente en 2006 et l’entrée en vigueur du nouvel audit énergétique, de l’eau a coulé sous les ponts. Il y a une quinzaine d’année, alors que j’étais diagnostiqueur immobilier, il m’arrivait d’imaginer que les logements énergivores puissent être un jour financièrement pénalisés. Même si les différents chocs pétroliers étaient bien présents dans les esprits et que le GIEC commençait déjà à tirer le signal d’alarme sur les émissions de CO², très peu de gens étaient pourtant sensibles aux conclusions du DPE. Et pour cause : à peine le document a-t-il été rendu obligatoire, qu’il était fortement décrié et sa fiabilité largement remise en cause.
Le risque d’erreur
Sur ce dernier point la situation n’a guère évolué. A juste titre ? Difficile pour un professionnel de l’immobilier de juger de la fiabilité de ce diagnostic. Pourtant, il est assez facile de juger de la pertinence et de la cohérence des conclusions annoncées. Prenons un point parmi d’autres, la surface habitable du logement qui apparaît en haut de la première page du document. Si cette surface n’est pas exacte, le résultat n’est pas bon, puisque qu’il est exprimé en kWhEP/m².an. Le simple fait de tout ramener à la surface du logement remet ainsi en cause le résultat.
Autre point qui me semble complétement contradictoire : la nécessité d’estimer la valeur d’un bien, avant la prise du mandat, alors que la valeur verte du bâtiment prend de plus en plus d’importance (voir les rapports annuels des Notaires depuis 2014). Le négociateur n’a en effet pas encore en sa possession le DPE, puisque ce dernier n’est obligatoire qu’à compter de la commercialisation, c’est-à-dire après la signature du mandat.
DPE : le rôle clé de l’agent immobilier
Il est donc absolument nécessaire, pour le négociateur, d’avoir à sa disposition des informations fiables qui lui permettent de se faire une idée de l’état de la performance énergétique du logement. Dans cette optique, le professionnel de l’immobilier doit connaître les points importants du DPE et son fonctionnement. Par exemple, maîtriser la notion de parois déperditives est essentielle. Tout comme il est primordial de connaître les différents dates-clés de l’histoire de la maîtrise de l’énergie dans la construction immobilière. A partir de ces premiers éléments et de quelques autres, il est ensuite tout à fait possible de se faire une idée de la lettre du DPE. Le professionnel de l’immobilier doit donc être capable de vérifier les points de cohérences du document que lui présente le diagnostiqueur. Si ces points présentent des erreurs, il peut être nécessaire de lui rappeler le caractère opposable du document.
Enfin, une fois le document édité et sa véracité vérifiée, le professionnel peut, grâce à des outils de simulation comme ASSYSTO, envisager les travaux à réaliser pour obtenir des gains énergétiques importants et ainsi améliorer sa note du DPE. L’objectif ? Accompagner son client dans une simulation des travaux à réaliser et lui présenter les aides auxquelles il peut prétendre.
Le DPE ne doit donc pas être vécu par les professionnels de l’immobilier comme une fatalité, mais bien comme une façon de démontrer leur professionnalisme à leurs clients, vendeurs comme acquéreurs. Mais pour être véritablement efficients, des formations au DPE s’imposent plus que jamais.