Le rachat des deux enseignes leaders par le holding d’investissement de François Pinault, Artémis, a mis les réseaux de mandataires sous les feux de la rampe. Très vite, le débat s’est fixé sur la formation : d’un côté les bons professionnels, formés, de l’autre ces nouveaux intervenants, choisissant le recours à des agents commerciaux, sortes d’intermittents de l’immobilier, par définition sans compétence dédiée. Je me suis déjà exprimé ici sur l’insuffisante sensibilité de la profession traditionnelle à la formation, avec franchise : non, la profession prise globalement ne fait pas assez confiance à la formation, et ce qui est plus inquiétant est que les choses empirent après s’être améliorées. La conjoncture n’y est pas pour rien. Ce qui m’affecte, c’est le réflexe de vouloir disqualifier une partie de la profession de façon injuste, selon la logique du bouc émissaire. Les réseaux de mandataires ont mis le cap sur la formation, et qu’ils l’aient fait par vertu ou par calcul, pour sauver leur image, importe peu au fond. On ne peut le nier en tout cas. À y regarder de près, ils ont même inventé la machine à former à bon compte : chaque agent commercial correspondant paie une cotisation mensuelle de plusieurs centaines d’euros à sa tête de réseau, qui en retour lui assure la communication et la formation. Passé cet agacement, je suis heureux de ce qui se joue aujourd’hui. L’arrivée des mandataires a fait l’effet d’une psychanalyse dans toute la profession. L’Upsi (Union des professionnels de service à l’immobilier) s’est créée dans la hâte, avec la Fnaim, l’Unis, Plurience (les grandes enseignes), les principaux réseaux commerciaux, pour réclamer aux pouvoirs publics une sorte d’ordre professionnel, assorti d’obligations de formation continue pour ses membres et leurs salariés. J’éprouve un peu de fierté aussi : je crois avoir émis cette idée il y a six ans, et je vois qu’elle a fait un chemin actif. On en vient même à demander l’obligation de formation pour les travailleurs indépendants que sont les agents commerciaux, et les réseaux et l’Unis parlent de concert sur ce sujet ! Dans les grands messages actuels de la profession, je vois une autre avancée : il est demandé que l’accès à la profession soit subordonné à des stages en entreprise. Cela signifie que la profession est prête à contribuer plus qu’elle le fait à l’effort de formation. Voilà. La profession vit sans nul doute un épisode crucial de son existence. Elle comprend que la valeur ajoutée est le seul critère qui vaille et que tout nouvel entrant ne peut être jugé qu’à cette aune. Elle réalise aussi que le crible d’appréciation vaut pour la profession dans son entièreté, et qu’elle va devoir marquer une exigence bien supérieure en la matière. Je sais gré aux réseaux de mandataires d’avoir contribué à cette prise de conscience.
Réseaux de mandataires, formation et psychanalyse collective
Categories: Stratégies
Tags: Réseau immobilier