Mais comment va-t-on se sortir de ce chantier de la rénovation énergétique ? Question légitime tant il y a à faire en la matière, et tant les crises se multiplient et aggravent fragilités et précarités déjà présentes dans notre pays. Dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire que le secteur du bâtiment et du logement jouent pleinement leur rôle dans la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, dans l’atteinte d’une neutralité carbone et dans la protection du pouvoir d’achat des Français.
Ce constat est partagé par Dominique Estrosi-Sassone, sénatrice (LR) des Alpes-Maritimes, experte des sujets liés au logement, qui s’est vue confier, le 25 janvier dernier, la présidence d’une commission d’enquête sur « l’efficacité des politiques publiques en matière de rénovation énergétique ». Cette commission d’enquête a été créée à l’initiative du groupe écologiste – Solidarité et Territoires, dans le cadre de l’article 6 bis du Règlement du Sénat, qui confère à chaque groupe un « droit de tirage » pour la création d’une commission d’enquête par année parlementaire. Le groupe a ainsi choisi Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère pour en être le rapporteur. Le binôme mène depuis de nombreuses auditions et devrait présenter ses conclusions en juillet.
L’Assemblée nationale n’est pas en reste puisque les commissions du développement durable et des affaires économiques se sont associées pour lancer une mission d’information sur la rénovation énergétique des bâtiments.
S’il faut saluer la mobilisation des parlementaires sur le sujet majeur du logement, on peut toutefois se demander s’il est bien pertinent d’évaluer une politique publique qui connaît actuellement une profonde transformation. Tâchons ainsi de faciliter le travail des sénateurs. Le succès de cette politique reposera sur quatre piliers : une meilleure information, un meilleur accompagnement dans la constitution des dossiers, la recherche des aides et l’évaluation des travaux, un système stable et incitatif d’aides publiques et privées, et enfin la structuration de toute la filière.
Les premiers résultats sont là. Revenons par exemple sur la création, en 2020, de Ma Prime Rénov’. En seulement trois ans, ce dispositif d’aide publique a bénéficié à un nombre toujours plus grand de Français. En 2022, ce ne sont pas moins de 670 000 rénovations que Ma Prime Rénov’ a contribué à financer, pour un montant distribué de 3 100 000 000 d’euros – c’est toujours intéressant de le voir écrit en entier – ayant généré un total de 8 900 000 000 d’euros de travaux.
Une hausse spectaculaire quand on sait qu’en 2020, pour sa première année d’existence, l’aide avait bénéficié à 140 000 logements pour un montant d’aides distribué de 570 millions d’euros. Ce n’est pas dans la culture française mais apprenons à reconnaître et à saluer ce qui est bien fait. Des chiffres particulièrement encourageants qui viennent conforter l’importance d’agir sur la rénovation du parc existant, quand on sait que 80 % des logements de 2050 existent déjà.
L’heure n’est plus à tenter de reporter le calendrier ou revoir à la baisse les ambitions. Nous n’avons collectivement plus le choix. Avec le déploiement progressif par l’ANAH des guichets France Rénov’ et des Accompagnateurs Rénov’ – des professionnels chargés d’accompagner les ménages de A à Z dans leur projet-, et avec la mobilisation de tous les professionnels, la France a tous les atouts pour réussir ce beau chantier.