Entre la remontée des taux des crédits immobiliers qui pourrait bien frôler les 3% cette année, les pressions sur le pouvoir d’achat des ménages et le manque de biens, le marché immobilier français est en train de marquer le pas. « Nous anticipons ainsi un recul des transactions de 10 % et 2 % respectivement en 2023 et 2024 », déclare Lauric Berthier, chargé d’études chez Xerfi. Alors que 75 % des réseaux de mandataires ont été créés après 2010, cette nouvelle conjoncture économique pourrait constituer un défi et un test pour nombre d’entre eux qui n’ont jamais connu pareille situation depuis leur création.
Pour autant l’étude de Xerfi se veut nuancée : « Malgré cet environnement peu porteur, les réseaux de mandataires devraient continuer à grignoter des parts de marché pour représenter environ 20 % des transactions en 2024, soit 14 points de plus qu’en 2012. Un potentiel de croissance inexploité, le soutien des investisseurs au développement des grands réseaux mais aussi des objectifs de déploiement ambitieux vont en effet stimuler l’activité de la profession », précise Lauric Berthier. Les réseaux mandataires devraient ainsi continuer de tirer leur épingle du jeu d’ici 2024 même si la croissance de leur chiffre d’affaires devrait encore ralentir, avec une hausse de 15 % en 2023, puis de 12 % en 2024.
L’expansion des réseaux de mandataires freinée par la conjoncture
Alors qu’entre 2011 et 2022, près de 11 nouveaux réseaux de mandataires ont pénétré chaque année en moyenne le marché immobilier, le retournement du marché immobilier pourrait désormais changer la donne. Et pour cause : l’essor rapide de l’activité des réseaux mandataires boosté par un marché immobilier des plus florissant ont attiré ces dernières années nombre de nouveaux entrants. « Dans un contexte de baisse marquée des transactions immobilières, de nombreux mandataires pourraient être fragilisés, en particulier les débutants. Le taux d’échec, déjà structurellement élevé, augmentera donc potentiellement en 2023-2024 et freinera l’expansion des enseignes », analyse Lauric Berthier.
Autre conséquence de la mauvaise conjoncture : les commerciaux actuellement en poste dans des agences traditionnelles et qui envisageaient de s’adosser à un réseau de mandataires pourraient avoir tendance à reporter ce projet et préférer temporairement la sécurité du salariat. Une bonne nouvelle pour les agences immobilières qui ont souvent peine à recruter.