En quoi constituait votre étude réalisée en 2021 ?
Lorsque nous avons lancé notre étude, notre ambition était de nous attaquer à l’idée selon laquelle la politique d’open data, en particulier, et l’ouverture de données gratuites sur les prix des logements, de manière plus générale, avaient un effet de transparence et de modération sur les prix. Cette idée qui est sous-tendue par la théorie économique n’avait jusque-là jamais été vérifiée en bonne et due forme. A travers cette enquête par questionnaires auprès de vendeurs de logements, nous avons confronté la théorie à la réalité en nous attachant aux usages que ces derniers faisaient des données de prix qui étaient disponibles sur le marché pour estimer la valeur de leur logement.
Quels ont été les principaux enseignements de cette étude ?
Nous en avons tiré trois conclusions principales. La première est qu’il ne suffit pas que les données soient accessibles à tous et partout pour qu’elles soient utilisées par tous et partout. Ainsi, l’utilisation des données varie selon la catégorie socioprofessionnelle et également selon la localisation. Typiquement, les données de prix sont utilisées de manière plus massive dans les métropoles et dans les marchés tendus que dans les marchés détendus, en particulier dans les zones rurales.
La seconde conclusion est que plus on consomme d’informations sur les prix des logements et moins on y voit clair sur le prix possible à proposer de son logement. Nous avons ainsi découvert que la disponibilité de données a un effet de transparence mais jusqu’à un certain point seulement. Ce dernier est en effet conditionné à la quantité de données utilisée. Plus un vendeur possède de données entre ses mains, moins ces données convergent vers un prix et donc plus il est difficile pour le vendeur d’appréhender la valeur possible de son bien.
Enfin dernier constat : les vendeurs qui utilisent le plus de données ont tendance à proposer leur logement à un prix qui est plutôt dans la fourchette haute.
Pourquoi vouloir aujourd’hui éditer un nouveau baromètre ?
L’enquête réalisée en 2021 nous a permis de recueillir une grande quantité d’informations sur les vendeurs de logements qui constituent au final une catégorie assez mal connue et pour laquelle il n’existe pas de statistiques publiques. Il nous semble intéressant aujourd’hui d’exploiter de manière plus large les données issues de la première édition de notre baromètre afin de contribuer à une meilleure connaissance des marchés et de l’offre potentielle. Notre enquête permet de dresser le portrait des vendeurs, d’apprécier la satisfaction qu’ils ont retirée de leur expérience de vente, d’évaluer la durée de détention de leur bien, d’identifier s’ils ont pris en compte le DPE dans la fixation de leur prix d’offre et bien d’autres caractéristiques encore de leurs comportements et des marchés.
A cette occasion, vous lancez une seconde vague d’appel à souscription, en quoi ce consiste-t-il ?
Pour pérenniser cette enquête et construire des indicateurs longitudinaux sur les vendeurs de logements en France, nous sommes à la recherche de partenaires financiers. La première édition de notre baromètre avait été financée par 4 partenaires : le groupe BPCE, Crédit logement, le Puca et le Lifti. En échange de leur soutien financier, nos partenaires peuvent introduire au sein du Baromètre quelques questions de leur propre intérêt et obtenir les données exclusives et originales à partager avec leurs équipes, qu’elles soient opérationnelles ou stratégiques. A travers cette enquête, ils associent également leur nom à une démarche scientifique reconnue et bénéficient de la couverture médiatique déjà installée du premier baromètre. Les premiers résultats ont ainsi été largement relayés par la presse. Tous les acteurs publics, les réseaux d’agence, les fédérations professionnelles ou encore les startups immobilières qui s’intéressent aux vendeurs de logements sont les bienvenus dans l’aventure.
Claire Juillard
Claire Juillard est docteur en sociologie, spécialiste de la ville, du logement et des marchés immobiliers.
Elle a co-fondé et co-dirigé pendant sept ans la Chaire Ville et Immobilier à l’Université Paris-Dauphie et offre dorénavant ses services aux acteurs de l’immobilier au sein d’Oggi Conseil, sa propre agence de conseil et de recherche.
Elle intervient tant en amont qu’en aval des projets, dans une démarche d’expertise et de production de contenus à forte valeur ajoutée. Elle développe en parallèle une activité éditoriale à partir de recherches qu’elle réalise grâce à la souscription financière de partenaires issus de l’immobilier.Mob : 06 63 80 81 42