Je ne pouvais entamer cet article sans rendre un nouvel hommage à Laurent Vimont. Tout a sans doute été dit et écrit pour vanter les qualités humaines et professionnelles de Laurent, son charisme et son franc parler. Il incarnait une entreprise et une marque puissantes. Concurrents, nous l’étions et le sommes toujours, plongés dans une compétition inhérente à nos métiers et aux attentes de nos clients, mais nous n’avons jamais été adversaires. Nous avons compris que le marché de particulier à particulier demeurait notre cible unique. Que chacun puisse méditer cet enseignement. Les moins de 40 ans ne peuvent s’en souvenir : j’étais là à l’arrivée de CENTURY 21 au détour des années 80-90 et me remémore les réactions dans notre microcosme ! Petits sourires et moqueries devant les vestes jaunes, méfiance face à un concept américain leader de son marché à cette époque, interrogations quant à la franchise… Nous ne savions pas comment appréhender cette situation nouvelle. Avec le recul, l’arrivée de la marque a ouvert un formidable champ des possibles et a contribué à élever les services fournis par notre communauté professionnelle.
Certes, ce n’était pas le néant avant et je peux témoigner que le réseau Orpi avait déjà pris le chemin de la formation, de la compétence et du service client. Mais la compétition qui s’est ouverte et le challenge permanent nous ont poussé dans nos retranchements. Méthode, formation, rigueur, stratégie, politique commerciale, fierté d’appartenance, identité visuelle, communication, tout a été scruté et sans doute revisité.
Concurrence et compétition, créatrices d’émulation
Avancer, s’adapter à la réalité, s’inspirer des challengers, progresser encore et toujours ! Cette émulation s’est par définition avérée vertueuse ; elle a permis d’élever le niveau et d’aborder différemment les changements technologiques fondamentaux tels que l’Internet pour ne citer que lui. Il a fallu réagir à cette vague qui pouvait désintermédier totalement notre marché (dixit les premiers apôtres du web) ! L’émulation issue de la compétition a engendré le respect et l’estime basés sur la loyauté.
Traduit autrement, nos fondamentaux sont identiques et même si la compétition est acharnée, ce qui nous réunit est supérieur à ce qui nous divise. Nous avons un plus petit commun dénominateur ! Celui-là même qui nous a permis d’inventer le fichier AMEPI, de créer Bien’ici. Celui-là même qui doit nous rendre incontournables auprès des clients. Pardonnez ce néologisme mais oui, nous avons inventé la coopétition ; nous sommes en compétition permanente, mais nous acceptons de coopérer sans nous renier ! Comparaison n’est pas raison, mais il n’est pas interdit de faire certains parallèles. L’arrivée des méthodes de la franchise américaine dans notre écosystème il y a plus de 30 ans a fait bouger les lignes, avec les conséquences vertueuses que nous venons d’évoquer. Alors, comment analyser l’émergence des nouveaux modèles d’organisation et de distribution des biens à vendre ? Que dire de ces entreprises à la croissance si forte que les financiers n’hésitent pas à miser sur leur succès ?
Quelles leçons en tirer ?
La première est que plusieurs modèles coexistent mais qu’aucun ne peut prétendre préempter toute l’industrie. Soyons pragmatiques : le reconnaître ne signifie pas pour autant « changer de religion » et brûler ce que nous avons adoré. La seconde est de respecter les mêmes règles du jeu et de se plier aux mêmes contraintes, puisque tout le monde s’adresse aux mêmes clients. La troisième est de ne surtout pas ignorer ou mépriser ces nouveaux modèles, dans un entre-soi protectionniste.
Ceci étant posé, interrogeons-nous avec le recul nécessaire et toute l’objectivité dont nous sommes capables. Ces nouveaux acteurs seront-ils à l’origine de changements profonds dans notre industrie ? L’avenir le dira. Notre agilité collective, donc notre capacité à nous adapter, seront interrogées. N’oublions pas ce fameux dénominateur commun, gage de notre survie, qui nous fait nous retrouver sur l’essentiel : le meilleur service pour notre client. Il sera, in fine, le seul arbitre !