JDA : Quel bilan pouvez-vous tirer du premier semestre 2022 ?
Yann Jehanno : Contre toute attente, le marché de l’immobilier a fait plus que se maintenir et se poursuit aujourd’hui sur un rythme extrêmement dense et soutenu. Certes, on observe en un an un léger retrait des transactions de 2,7 % mais qui reste minime par rapport à une année 2021 qui était une année historique et hors norme. Cette dernière a en effet été une année de rattrapage de tous les projets qui n’avaient pas pu être menés en 2020 du fait des confinements et de la situation épidémique.
JDA : Comment ont évolué les prix ?
YJ : Les prix sont la conséquence d’un marché qui fonctionne selon les lois classiques de l’économie de marché, c’est-à-dire avec l’offre et la demande. Avec une demande qui est supérieure de 2 % à ce qu’elle était il y a un an au sein du réseau Laforêt, et donc très tonique, et une offre qui continue à régresser avec un retrait de 2 %, on observe une pression très forte sur les prix qui sont orientés à la hausse au niveau national de près de 5,8 % et jusqu’à 8 % dans les régions qui continuent de porter le marché immobilier avec les maisons. Après une baisse constante depuis plusieurs mois dans la capitale de -1,5 %, qui est toutefois à comparer avec les -1,7 % du 1er trimestre 2022, les prix et l’activité se redressent à Paris. Il n’est ainsi pas improbable que les prix reviennent à un certain niveau d’équilibre d’ici la fin de l’année.
JDA : Est-ce que le la conjoncture actuelle commence à avoir un impact sur le marché immobilier ?
YJ : Ni les élections, qu’elles soient présidentielles où législatives, ni la guerre aux portes de l’Europe n’ont eu d’impact sur le marché au premier semestre. La hausse des taux d’intérêt a ainsi plutôt incité les Français à précipiter leur projet immobilier. Mais force est de constater que maintenant que nous sommes rentrés dans le 2e semestre, certaines inquiétudes pèsent au-dessus du marché immobilier. C’est notamment le cas du financement immobilier avec l’augmentation d’un côté des taux d’intérêt, un gouverneur de la Banque de France qui affiche clairement ses intentions de les repositionner à un niveau classique entre 2 et 3 %, et de l’autre des conditions d’octroi de prêt qui se sont rigidifiées avec les recommandations du HCSF qui sont aujourd’hui plus contraignantes pour les ménages les plus modestes, comme pour les jeunes actifs de moins de 35 ans, qui n’ont pas d’apport significatif.
JDA : Les nouvelles réglementations énergétiques à venir ont-elles, d’ores et déjà, un impact sur le marché immobilier ?
YJ : Nous assistons à une hausse de 9 % par rapport au 1er semestre 2021 de la mise en vente des biens considérés comme passoires énergétiques et qui ne seront bientôt plus autorisés à la location. Certains propriétaires, qui ne souhaitent pas entreprendre des travaux de rénovation parfois conséquents, s’empressent en effet de mettre leur logement en vente. D’autre part, comme de plus en de Français s’inquiètent de la hausse de leur facture d’énergie, l’étiquette-énergie commence à réellement à porter ses fruits et entraîne des répercussions sur les prix. A l’heure où la rénovation énergétique n’est clairement pas facilitée face à l’augmentation significative des matières premières et une filière de rénovation énergétique qui est sous dimensionnée, une épée de Damoclès règne au-dessus du marché immobilier. Le calendrier de la loi Climat et Résilience, de la rénovation du parc locatif et à partir du mois de septembre de l’audit énergétique réglementaire sur les logements en monopropriété est aujourd’hui intenable. Les acteurs du secteur de l’immobilier attendent donc une réaction de la part du nouveau ministre du Logement rattaché au ministre de la Transition écologique et des aides en adéquation avec les enjeux des Français qui devront rénover leur logement.
JDA : Comment voyez-vous évoluer le marché immobilier dans les mois à venir ?
YJ : Nous sommes aujourd’hui sur un marché où la demande est très nettement supérieure à l’offre. Le taux de chômage est également à un niveau bas et les conditions de financement restent, pour les profils qui peuvent emprunter, encore très attractives. Enfin, depuis la crise sanitaire, les Français ont toujours cette envie d’ailleurs, de posséder une maison avec un jardin ou un appartement avec une terrasse, mais aussi d’une pièce en plus pour être en mesure de télétravailler. Même sans boule de cristal, l’ensemble de ces facteurs laisse présager un marché toujours actif dans les mois à venir. Le point d’interrogation reste aujourd’hui la posture des banques et le calendrier de rénovation énergétique, mais si ces deux sujets sont abordés de manière constructive, je suis persuadé que l’année 2022 devrait se terminer parmi les meilleures années en termes de transaction.
JDA : Quels sont les objectifs et les projets du réseau Laforêt pour ce second semestre ?
YJ : Nous souhaitons continuer à densifier le maillage de notre réseau de 700 points de vente avec l’ouverture de 95 nouvelles agences. Il nous faut pour cela trouver des locaux, assurer le financement de nos franchisés et les travaux de mise aux normes de leurs agences. Comme toute l’économie aujourd’hui, nous sommes également impactés par la hausse des matières premières et nous devons d’accompagner nos franchisés dans leur développement. Notre deuxième objectif est de poursuivre la diversification de nos métiers que nous avons déjà entamée avec l’ouverture du syndic de copropriété il y a maintenant 18 mois. Laforêt, c’est aujourd’hui 30 000 ventes par an, 20 000 locations, 60 000 biens en gestion locative et plusieurs milliers de lots en copropriété. Enfin, nous recrutons un millier de postes pour accompagner notre développement et améliorer toujours plus l’expérience des consommateurs qui passent par les agences du réseau Laforêt.