Jean-Yves Ottman, sociologue du travail et des organisations et auteur du rapport, a remis le 7 juillet dernier à Jean-Marc Torrollion la première édition de l’Observatoire des agents commerciaux de l’immobilier. « Les agents commerciaux ont beau être majoritaires dans nos forces de vente, il n’existait jusqu’à présent aucune étude sérieuse sur cette population de travailleurs. C’est pour cette raison que la FNAIM a soutenu cet observatoire », a déclaré le président de la FNAIM à cette occasion.
Une population diversifiée et évoluant hors des métropoles
Baptisés les vendeurs « réguliers », 46,5 % des sondés décrochent souvent entre 10 et 20 mandats par an dont ils vendent la plupart. A l’opposé les « petits » vendeurs, qui obtiennent 10 mandats par an, dont moins de 5 sont vendus, représentent 12,3 % de l’échantillon. Quant aux vendeurs dits « dynamiques », ils ne représentent que 10,2 % des sondés et se distinguent par une activité économique supérieure aux autres catégories avec des dizaines de mandats obtenus chaque année et plus de 20 vendus… C’est aussi la catégorie qui rassemble les professionnels avec une spécialisation sur des biens aux valeurs élevées, supérieures à 600 000 euros.
A noter également que peu d’agents commerciaux exercent leur activité dans une métropole (22,3 %) ou sa banlieue (13,9 %). La majorité évolue en milieu rural ou dans une ville de taille moyenne ou petite. « Cette situation s’explique par la diffusion historique du statut d’agent commercial indépendant : les agences de grandes villes recouraient davantage aux salariés », analyse Jean-Marc Torrollion.
Le statut de micro/auto-entrepreneur majoritaire
Autre constat notable : un peu plus de 75 % des agents commerciaux ont opté pour le statut de micro-entreprise/auto-entrepreneur. Les raisons ? 70 % d’entre eux affirment l’avoir choisi principalement pour sa simplicité. Quant aux autres statuts, ils se répartissent entre travailleurs indépendants et nom personnel pour 17,2 %, EIRL ou autre forme d’entreprise pour 8,4 %, et, très minoritairement, le portage salarial pour seulement 0,3 %. Une prépondérance du choix de la microentreprise qui peut poser un problème en matière de protection sociale des travailleurs et travailleuses. « Compte tenu du plafond de chiffre d’affaires limité par ce statut, c’est là que l’on retrouve une plus grande proportion de personnes sous le seuil de pauvreté que dans l’ensemble des actifs, des problématiques de non prise en charge des arrêts maladie et des frais de santé et, à long terme, de futurs retraités extrêmement précarisés, sans retraite et sans avoir pu capitaliser au cours de leur vie », constate le président de la FNAIM.
Preuve de cette précarité, 32,5 % des agents commerciaux déclarent une autre activité ; mais cette dernière est souvent secondaire. En effet, parmi les personnes cumulant deux activités, 50,7 % considèrent celle d’agent commercial comme principale et c’est, pour 38,7 %, leur principale source de revenus. Enfin, l’immense majorité, soit 82,7 % des mandants, sont des agences indépendantes.
« Cet Observatoire doit être le premier d’une longue série. Nous souhaitons, en effet, qu’il prenne de l’ampleur et s’inscrive dans la durée en devenant la référence. Nous allons poursuivre ce travail et examiner la faisabilité des recommandations qui nous sont faites », conclut Jean-Marc Torrollion.
La Fondation Travailler Autrement a établi 8 recommandations :
1 – La FNAIM (et plus largement l’ensemble des acteurs institutionnels du secteur) devrait s’engager dans une veille poussée des enjeux du statut de micro-entreprise, maîtriser les aspects juridiques liés et pouvoir communiquer dessus.
2 -L’Observatoire devrait reproduire cette étude à intervalles réguliers (tous les deux ans par exemple) pour confirmer la tendance et/ou la prédominance durable du statut dans le secteur.
3 -L’Observatoire devrait réaliser une étude complémentaire sur les agents commerciaux indépendants ayant abandonné le métier ou le statut.
4 -Engager un travail d’approfondissement (via l’Observatoire, la Fondation Travailler Autrement ou la FNAIM) concernant le risque de requalification dans le recours aux agents commerciaux indépendants, notamment ceux sous statut de micro-entrepreneurs.
5 -Engager un travail plus détaillé (via l’Observatoire ou via la FNAIM) sur la nature de la relation entre mandants et agents commerciaux.
6 -La FNAIM devrait engager une sensibilisation de ses adhérents aux enjeux et conséquences du statut de micro-entrepreneurs, puisqu’ils en sont fréquemment prescripteurs.
7 -La FNAIM devrait profiter de sa légitimité et visibilité institutionnelle pour mettre à disposition un comparatif clair des enjeux, avantages, inconvénients et fonctionnements des trois statuts.
8 -La FNAIM devrait sensibiliser les acteurs du secteur à la question des faibles droits à la retraite du statut de micro-entrepreneur.