Gel des réserves financières des banques russes en Europe et aux Etats-Unis, blocage des accès de la banque centrale russe au marché des capitaux, exclusion du système Swift, avoirs des personnalités de premier plan gelés…
Depuis l’annexion de la Crimée en 2014 et les premières sanctions contre certains oligarques, les acheteurs russes sont beaucoup moins présents en France. L’époque des années 90 où des milliardaires russes achetaient, à des prix records, des biens d’exception dans le « triangle d’or » parisien et les stations huppées telles qu’Antibes, Courchevel et Megève est ainsi révolue depuis longtemps. « La clientèle russe pèse aujourd’hui moins de 0,5 % de nos transactions, soit 7 à 8 transactions par an dans le segment des biens au-delà de 5 millions d’euros. Ce recul de cette clientèle ces dernières années a été si fort que nous avons aujourd’hui plus de vendeurs que d’acheteurs russes en France », indique Thibault de Saint Vincent, président de Barnes.
Un marché immobilier russe en standby
Si l’impact devrait donc être faible sur le marché français de l’immobilier du luxe, celui de la Russie accuse quant à lui un coup d’arrêt depuis le début des évènements. En une semaine, 80 % des transactions à la vente ou à l’achat ont été annulées, et le reste repoussé. Dans un contexte de chute libre du rouble et de ruée vers les banques, les acquéreurs russes fuient l’immobilier dans leur propre patrie. Et pour cause : pour éviter un « bail-in » (renflouement interne, pesant sur les créanciers) encore plus catastrophique, les taux directeurs des banques frappées ont été très fortement relevés. En conséquence, la transaction doit désormais être payée en totalité, sans possibilité de prêts. Mais cette pause pourrait ne pas être définitive « Une fois le marché repris, nous nous attendons à des transactions rapides, sans condition suspensive », indique Barnes dans un communiqué. Ainsi, Barnes Moscou note d’ores et déjà une hausse des demandes d’investissement sur place pour loger les liquidités dans des actifs solides tels que l’immobilier.
De nouveaux horizons pour les Russes
« Au niveau de l’international il est encore trop tôt pour faire un diagnostic précis, mais les biens des Russes vont être massivement mis en vente en Europe de l’Ouest. Ils regarderont désormais Dubaï, la Turquie, l’Asie et éventuellement l’Afrique pour réaliser leurs investissements », analyse Thibault de Saint Vincent. En revanche, si la crise dure et que les sanctions récentes sont maintenues, il y aura un arrêt total des transactions avec les pays de l’Ouest. « Le résultat économique des sanctions ne peut être apprécié à ce stade et nous devons attendre la “digestion” de ces mesures notamment par les banques avant d’en comprendre le véritable impact aux niveaux local et international », conclut le président de Barnes.