Contraction de « méta » qui signifie « au-delà » et « d’univers », le mot « métavers » désigne un monde virtuel fictif, composé de plusieurs espaces distincts et peuplés d’avatars eux-mêmes contrôlés par des utilisateurs. Dans cet univers immersif, qui est accessible via des équipements connectés (casques VR, manettes, gants tactiles…), les utilisateurs peuvent se déplacer, interagir mais aussi faire du shopping, se divertir, travailler… comme dans le monde réel. Inventé en 1992 par Neal Stephenson, auteur du romain « Le Samouraï virtuel », le métavers constitue le nouveau dada des géants comme Facebook (renommé « Meta »), Microsoft, Epic Games… qui y voient « le pivot de l’Internet du futur ». Même s’il fait beaucoup parler de lui depuis quelques mois, le métavers n’en est qu’à ses balbutiements. Dans l’immobilier, le concept est encore considéré comme relevant de la science-fiction. Pourtant, il promet des expériences en ligne bien plus immersives qu’avec un écran.
Décloisonner l’agence immobilière
Le métavers fait émerger de nouveaux business, notamment pour les marques qui y voient des canaux de marketing supplémentaires. Dans l’immobilier, la visite pourrait être l’étape la plus impactée par cette possible révolution. « Aujourd’hui, on sait que le nerf de la guerre, c’est la prise de mandats. Demain, le métavers permettra aux agents immobiliers d’en décrocher quelle que soit leur localisation dans le monde. Leur terrain de jeu sera donc bien plus vaste que leur actuelle zone de chalandise », explique Arnaud Groussac, fondateur de la plateforme de conseil immobilier Patrimoine Store. Et pour cause : un agent immobilier installé à Paris pourra faire visiter un bien situé à Rome à son client basé à Shanghai, le tout avec des casques de réalité virtuelle. Comment ? « Simplement en modélisant ce bien dans le métavers, à l’aide d’une caméra 3D », précise-t-il. N’en déplaise aux agences qui ont pignon sur rue : la notion de « clientèle de proximité » pourrait donc être jetée aux oubliettes.
Une expérience plus immersive que la visite virtuelle
Certains détracteurs avancent que les visites virtuelles, en plein boom depuis une dizaine d’années, proposent une expérience similaire, notamment dans l’immobilier. En réalité, le métavers apporte quelque chose de plus. « Lors d’une visite virtuelle, le client se déplace dans le bien via son clavier d’ordinateur, sa souris voire son casque VR. Dans le métavers, les avatars du client et de l’agent immobilier peuvent visiter le bien ensemble, donc échanger sur ce dernier. À la différence des autres expériences digitales, la communication non-verbale, notamment la gestuelle, peut être rendue dans le métavers, les manettes connectées rendant compte de chaque mouvement », explique Arnaud Groussac. En cela, le métavers n’est pas qu’une simple numérisation du monde. D’ailleurs, les investisseurs, qui ne se déplacent pas toujours pour visiter les biens qu’ils achètent, pourraient être les premiers à s’intéresser aux opportunités de décloisonnement offertes par « ce monde parallèle ».
Les notaires auront leurs avatars
Dès maintenant, l’achat (souvent en cryptomonnaie) de terrains, de boutiques ou de logements virtuels dans le métavers suscite quelques convoitises. En décembre dernier, l’entreprise américaine Republic Realm a par exemple investi la somme de 4,3 millions de dollars pour s’offrir un terrain dans le métavers, où les visiteurs peuvent discuter, assister à des concerts… Puisque le métavers propose des actifs financiers, les agents immobiliers devront-ils, demain, savoir mener des transactions de manière 100 % virtuelle ? C’est, semble-t-il, la suite de l’histoire, une fois que plusieurs freins (notamment technologiques) seront levés. Ce qui est sûr, c’est que toutes les pistes n’ont pas encore été exploitées. « Il sera certainement possible de réaliser une transaction dans le métavers de A à Z, notamment d’y signer l’acte de vente de sa future maison, aux côtés d’un notaire qui prendra la forme d’un avatar et de la payer via une cryptomonnaie », illustre Arnaud Groussac. Une projection corroborée par un chiffre : d’après le broker américain Ryan Serhant, la moitié des transactions immobilières pourraient être effectuées en cryptomonnaie d’ici 5 ans.