Mais, revenons à la genèse de ce concept : les prix des loyers sont trop élevés dans les grandes agglomérations, alors une seule solution s’impose, c’est l’encadrement de ces loyers ! CQFD .
Dorénavant, l’état donne son feu vert aux communes qui le demandent et ce sont sept zones qui sont concernées, dont Paris, Bordeaux et Lyon pour ne citer qu’elles.
Cette belle construction intellectuelle, sans doute murie dans la quiétude de bureaux officiels, fort éloignés des réalités, pourrait s’entendre à deux conditions : un exact équilibre entre offre et demande de logements d’une part et je dirais surtout si nous étions dans une économie administrée par la puissance publique propriétaire de l’ensemble du parc locatif. Dans cette hypothèse, au pays des rêves, on pourrait y croire et donc approuver cette autorégulation des prix !
Mais ce serait ignorer la réalité et a minima deux points fondamentaux.
Tout d’abord, il faut rappeler que la pression sur les prix des loyers en zones dites tendues résulte d’un déséquilibre structurel historique entre offre et demande de logements. Dit autrement, il n’y a pas assez de logements face à une demande toujours plus forte.
Rappelons ensuite que nous sommes dans une économie de marché, et que, malgré les efforts importants du logement social pour élargir le parc, le plus important potentiel réside dans l’investissement privé, guidé par une seule boussole :la confiance.
Les investisseurs institutionnels reviennent sur le marché (et c’est très bien) car ils ont confiance dans ce marché. Ils devront toutefois démontrer leur volonté d’y rester durablement.
La confiance, c’est l’alpha et l’Omega des particuliers qui aiment la pierre, qui y croient et qu’y sont prêts à investir leurs économies et prendre le risque financier comme tout investisseur. Or quelle perspective leur offrir si quelques mois ou années après leur acquisition (calculée sur 10 à 15 ans ou plus), l’encadrement des loyers tombent comme une sanction à leur égard, comme s’ils étaient responsables du déséquilibre de marché ?
Il y a une injustice flagrante à leur égard : ils ont contribué (un peu) à résorber le déficit de logements, sont considérés comme responsables du niveau des prix et sanctionnés ! Pas étonnant d’avoir remarqué l’afflux de propositions de loyers meublés de courte durée (suivez mon regard) qui assèchent encore plus le marché de la location longue durée.
Si trop de signaux négatifs leurs sont adressés, ne soyons pas surpris que ces bailleurs privés, modestes pour la plupart, se détournent de cet investissement, réalisé,ne l’oublions pas, de leur propre volonté.
La boucle sera alors malheureusement bouclée : moins d’investisseurs égale moins de logements et moins de logements égale toujours plus de pression sur les prix. C’est perdant perdant ! Nous ne pouvons accepter ce jeu à somme nulle ! Attaquons-nous aux causes profondes plutôt qu’aux conséquences, et mettons en œuvre les solutions propices à un rééquilibrage de l’offre et de la demande ! Nous sommes là au cœur du sujet logement de la prochaine Présidentielle.