Si l’on en croit les chiffres d’un sondage réalisé par l’Institut Gallup, seulement 6 % des Français se déclarent pleinement impliqués dans leur emploi et 50 % des départs d’employés sont directement imputables à leur manager. C’est dire l’importance de pratiquer, plus que jamais, un management de qualité.
Ce constat est aussi celui de Gaël Chatelain-Berry, écrivain-conférencier et pionnier du concept de management bienveillant. Depuis quelques années, il observe un net changement de mentalité dans le monde du travail : « Il y a encore peu de temps, le management bienveillant était perçu comme une mode. Aujourd’hui, compte tenu des changements de vie et de mentalité accélérés par la crise récente, c’est devenu une nouvelle nécessité à mettre en place et pour de plus en plus de travailleurs, un critère déterminant pour choisir de rester ou non auprès d’un employeur » présente-il. « Plus que jamais, nous prenons conscience du rôle fondamental que tiennent les leaders dans l’engagement et la longévité des équipes. Et pour cette raison, ceux qui souhaitent durer dans le temps doivent s’adapter ».
Bien entendu, le secteur immobilier n’échappe pas à cette nouvelle ère du management. Alors que les professionnels de la pierre font face à de nombreux enjeux de recrutement, il devient incontournable pour eux de se sensibiliser et de se former à ces nouvelles méthodes afin d’attirer et de fidéliser les meilleurs éléments du marché.
Le management bienveillant, aujourd’hui « le seul chemin vers la performance »
« Pour commencer, la première idée reçue à déconstruire est celle que le management bienveillant est un mode de gestion « gentil » qui se fait au détriment de la performance. Bien au contraire » explique M. Chatelain-Berry. « La bienveillance au travail, c’est privilégier le respect humain de ses collaborateurs — de leur temps, de leur vie privée, de leurs impératifs personnels — pour déclencher le bon moteur de motivation des équipes ».
De fait, l’arrivée d’une nouvelle génération de travailleurs sur le marché du travail accélère cette donnée. « Les jeunes générations n’ont pas les mêmes attentes que les précédentes. Elles ne sont plus prêtes à sacrifier leur épanouissement personnel pour leur travail et entretiennent une relation plus distanciée avec leur entreprise : si les talents se sentent bien, ils restent, sinon ils n’hésitent pas à partir. Résultat : le rapport de force s’inverse. Et sans talents engagés et impliqués, il n’y a pas de succès d’entreprise » poursuit le spécialiste.
Tout l’enjeu pour les professionnels est donc de se renouveler afin de mieux répondre aux nouvelles aspirations des employés et de savoir agir sur les bons leviers de motivation grâce à un management bienveillant. « Ce que l’on en retient, c’est qu’ils sont ainsi beaucoup plus performants » ajoute le spécialiste.
Les bonnes pratiques à mettre en place
Alors concrètement, quelles sont les bonnes pratiques à adopter pour mettre en place un management bienveillant avec vos équipes ?
Privilégier le respect et l’empathie envers ses équipes
« Le premier conseil que je donne est très simple à appliquer : ne faites pas à vos employés ce que vous n’aimeriez pas qu’on vous fasse. Cela se décline à l’infini : ne pas arriver en retard aux réunions, ne pas humilier ou rabaisser un collaborateur, s’énerver, ne pas le déranger sur ses temps de vie privée, etc » explique M. Chatelain-Berry. « Si on suit cette consigne, on est déjà à 99 % dans la bienveillance et le ressenti des équipes est radicalement différent ».
Pratiquer une rétroaction positive et réciproque
Lorsqu’il s’agit de rétroaction, on envisage tout de suite les points faibles à améliorer durant l’entretien annuel d’évaluation. Ce que recommande Gaël Chatelain-Berry est de ne pas seulement faire le bilan de ce qui ne va pas chez l’employé, mais aussi de le remercier pour son travail, de le féliciter pour ses atouts et ses réussites. Cela permet de rompre avec l’image négative du « feedback » et d’en faire un échange instructif pour les membres de l’équipe qui se sentent ainsi davantage valorisés et reconnus pour leur travail.
Autre exercice recommandé par M. Chatelain-Berry : inviter les managés à évaluer leur manager. « Proposez par exemple aux membres de votre équipe de se réunir entre eux et d’énumérer, en deux catégories d’une part, ce qu’ils estiment que leur responsable fait bien et d’autre part, ce qu’il pourrait mieux faire. Cela a un formidable effet libérateur de la parole et les professionnels se sentent écoutés. L’idée n’est pas de faire un procès du patron, mais d’appliquer une rétroaction à double sens dans l’entreprise, qui permet à tous, y compris aux leaders, de progresser ».
Responsabiliser ses équipes
Faire confiance à ses équipes est également un élément phare du management bienveillant. Cela signifie par exemple ne pas mesurer l’implication de vos talents sur leur seule présence au bureau et sur leurs heures de travail, mais réellement sur leurs résultats. « J’alerte notamment les dirigeants de PME qui sont anti-télétravail à changer leur fusil d’épaule, y compris dans l’immobilier où l’on peut penser que le relationnel avec les clients empêche le télétravail. Vous pouvez tout à fait proposer à vos agents immobiliers de rassembler leurs tâches administratives sur une même journée (ou deux) de manière à ce qu’ils puissent les effectuer en télétravail » déclare M. Chatelain-Berry. Un excellent point pour offrir plus de flexibilité à chacun.
Une autre recommandation ? « Plutôt que d’imposer vous-même à vos équipes des objectifs chiffrés et de générer une certaine pression, demandez à vos collaborateurs de les fixer eux-mêmes. Vous seriez surpris de voir combien votre équipe se responsabilisera et combien la motivation de chacun sera décuplée, avec des objectifs souvent bien au-delà de ceux que vous auriez vous-même fixés ».
Se montrer disponible, à l’écoute
Le sens de l’écoute et la disponibilité sont également des atouts essentiels à la pratique quotidienne d’un management bienveillant. « Comme l’intitulé de leur poste l’indique, les managers ont avant tout pour rôle de gérer leurs équipes et de répondre présents pour elles. Un responsable qui ne se montre pas disponible pour ses collaborateurs risque de perdre de vue cette priorité et à terme, de souffrir de leur désengagement, voire de leur départ » indique M. Chatelain-Berry. « N’hésitez donc pas à vous garder certaines journées ou plages horaires exclusivement consacrées à vos talents et faites-leur connaître vos disponibilités ».
Enfin, gardez à l’esprit qu’un bon manager doit aussi savoir se remettre en question pour progresser, évoluer avec son temps et ses équipes. Ce que vous avez à y gagner : la construction d’une belle image employeur qui vous permettra de recruter des collaborateurs plus motivés et performants, beaucoup moins d’absentéisme, plus de fidélisation, et bien sûr, une passion pour votre métier et vos équipes préservée.