Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ? Toutes les constructions ne sont pas éternelles. Et pour cause : tous les immeubles ne se valent pas ! Si, au début du XXe siècle, on a pensé que les structures en béton armé dureraient très longtemps, peut-être un millénaire, en réalité, il n’en est rien. Le béton a une durée de vie limitée. On estime que la durée de vie des immeubles résidentiels construits en béton est de soixante-dix à cent ans.
Cette vérité, les agents immobiliers doivent donc la connaître. Car, d’une manière ou d’une autre, vous serez confronté au phénomène du béton qui se désagrège : toutes les constructions lancées après-guerre, pour répondre aux besoins en logements et qui ont engendré le développement de la préfabrication du béton, arrivent aujourd’hui en fin de vie… Et, déjà, les effondrements de balcons, de ponts ou simplement de bâtis défrayent régulièrement la chronique… Alors, qu’est-ce qui pose problème avec le béton ?
La carbonatation un processus naturel
Le béton est confronté à un phénomène que l’on appelle la carbonatation, c’est tout simplement le processus naturel de vieillissement. Le béton devient une sorte de « gruyère ». Et évidemment, la pollution accélère ce phénomène… Il ne s’agit donc pas d’un «cancer du béton»,
comme cela a été souvent évoqué, mais bien d’une évolution tout ce qu’il y a de plus normale, consécutive à une suite de réactions et d’équilibres chimiques. Après cinquante ans, l’ouvrage entame le début de sa fin de vie. La carbonatation influe évidemment sur la résistance et la durée de vie d’une structure en béton. C’est une pathologie qui la dégrade et qui conduit l’ouvrage à son instabilité. Elle est notamment responsable de la mise à nu des armatures en acier. L’humidité relative de l’air joue un rôle important sur la vitesse de carbonatation.
Avec sa composition faite de ciment et de ses constituants comme le sable, le gravier et l’eau, tout béton est susceptible de se « carbonater» après cinquante ans environ. On peut détecter des signes de carbonatation sur la surface du béton de la structure comme les épaufrures ou les éclatements de béton. Ce phénomène peut entraîner l’effondrement de l’ouvrage qui ne possède plus alors aucune résistance.
Un matériau naturellement poreux
Le béton comporte des pores et des vides. Ces pores sont déterminants pour la résistance et la durabilité du béton. La porosité est la conséquence naturelle de la quantité d’eau mise en plus de celle nécessaire à l’hydratation et des vides éventuels présents dans les granulats. Lorsque le béton manque de densité, il souffre des aléas du temps. Il devient poreux, voire friable, et se désagrège. Moins résistant qu’autrefois, il se fissure et fragilise la structure Et en plus, avec les agressions chimiques et bactériologiques, le béton a une porosité accélérée au bout de vingt-cinq ans.
Rupture des fers en cas d’incendie
Lors d’un incendie, la température atteint les 1 000° C en surface des matériaux. Le béton présente une excellente réaction au feu. Ininflammable et incombustible, il ne brûle pas et ne se consume pas. Il ne fond pas et ne dégage pas de fumées. Les armatures d’une dalle en béton armé n’atteignent qu’au bout de deux heures leur température critique de 500°C à une profondeur de 3,5 cm d’enrobage. Ce qui pose problème ? Les fers, eux, fondent ! Sans rupture de ces aciers, les bétons restent armés, ce qui diminue le risque d’effondrement des bâtis.
Malgré ce bon comportement face à un incendie, les performances du matériau peuvent être plus ou moins affectées en fonction de :
- la température maximale atteinte,
- la durée de l’incendie,
- la composition du matériau et sa microstructure (porosité, rapport eau/ciment, nature du liant, air entraîné, voire nature des granulats).
L’épaisseur dégradée peut varier de quelques millimètres à plusieurs centimètres. Deux types de désordres peuvent généralement apparaître : la chute de la résistance mécanique et l’écaillage de surface. Après un incendie, il convient de réaliser un diagnostic sur site combiné à des analyses en laboratoires.
Les principales dégradations du béton
Si le béton est un formidable matériau de construction, soumis à l’érosion et à l’usure, il peut être amené à s’altérer sous l’effet de dégradations des armatures et de réparations inappropriées. Les dégradations sont :
- d’ordre mécanique, à la suite de chocs, de vibration, d’affaissement géotechnique… Ces dégâts se traduisent souvent par l’apparition de fissures ou d’éclats qu’il convient de repérer et d’identifier ;
- d’ordre chimique (sels de déneigement, lorsque le matériau est exposé à des environnements agressifs industrie, carbonatation, etc.) ou biologique (épuration des eaux). Parfois, la dégradation chimique peut résulter d’une inadéquation de la composition (réaction alcali-granulat…) ;
Identifier l’état du béton
Un béton qui s’effrite, des fissures structurelles et des traces de rouille sur des immeubles construits il y a soixante-dix ans doivent vous alerter. Pour se faire une idée sur l’état du matériau, il faut :
- verser de l’eau sur la surface du béton : si celle-ci ne devient pas humide immédiatement, donc que le béton ne se teinte pas, c’est qu’il a une bonne résistance, qu’il n’est pas poreux ni carbonaté ;
- gratter la surface du béton avec un outil métallique pour vérifier la solidité des agrégats. Si le béton est carbonaté, il sera friable en surface, il se désagrègera facilement, même s’il compte peu de fissures.
Un diagnostic structure devrait fi gurer parmi les diagnostics obligatoires. Il est urgent d’agir car de plus en plus d’immeubles construits après-guerre vont montrer peu à peu des signes de fatigue… bat