JDA : La crise sanitaire change-t-elle en profondeur les attentes immobilières des Français ?
Christine Fumagalli : Oui. Avant la Covid-19 la proximité du lieu de travail, des écoles et des commerces étaient en tête des critères de recherche des clients. Aujourd’hui, la proximité avec le bureau est plutôt secondaire. En revanche, les Français veulent des extérieurs, un jardin, un balcon ou une terrasse, et de la lumière. Avec le télétravail, un accès Internet de qualité est devenu primordial, les zones blanches sont devenus rédhibitoires pour beaucoup. Nous constatons de nouveaux mouvements immobiliers : les villes moyennes comme Limoges, Cannes, le Havre ont retrouvé leurs lettres de noblesse. Pour la région parisienne, il en va de même pour les communes situées de 30 à 45 minutes du centre de la capitale. Les villes comme Antony ou Argenteuil connaissent une belle progression du prix au mètre carré par exemple.
JDA : Comment se présente 2021 ?
C. F. : Si le nombre d’acquéreurs baisse, la demande est toujours là dans les métropoles. Les clients sont sur la réserve et se posent beaucoup de questions sur leur niveau d’endettement et sur le montage financier de leur opération. Ils cherchent un bien sans défaut, sinon ils ont tendance à négocier.
JDA : Quid de l’évolution des prix ?
C. F. : Les biens sans gros défaut continueront à se vendre dans de bonnes conditions. Nous risquons, en revanche, d’avoir des ajustements pour les biens avec défauts, les orientations nord, les étages bas, les étages élevés sans ascenseur, des gros travaux… Nous ne pouvons pas exclure non plus des renégociations, voire des baisses de prix avec la mise en place du DPE sur des biens destinés à la location avec une mauvaise étiquette.
JDA : Comment le réseau Orpi traverse-t-il la crise sanitaire ?
C. F. : Nous avons réussi à maintenir notre activité et rattraper le retard accumulé avec les confi nements : le chiffre d’affaires 2020 du réseau ne recule que de 9 %, en partant d’une année 2019 extraordinaire. Nous avons été extrêmement prudents au printemps dernier. Nous avons allégé les cotisations de nos associés, effectué des reports de cotisations, créé un fonds de solidarité. Nous n’avons eu aucune fermeture de point de vente l’an passé pour cause de Covid. Nous démarrons 2021 sans inquiétude, mais avec beaucoup de vigilance. On s’attend à des fermetures d’entreprises et de commerces qui peuvent avoir des effets de bord sur notre activité. Nous maintenons en conséquence notre prêt garanti par Orpi, grâce au fonds de 2,5 millions d’euros destiné à aider les associés Orpi mis en diffi culté par la Covid-19 et qui n’ont pas trouvé de financement par ailleurs.
JDA : Quels sont vos objectifs de recrutement ?
C. F. : Nous recrutons toujours de nouveaux associés et avons lancé une campagne de recrutement pour 300 postes en début d’année, afin d’étoffer les équipes de nos associés qui développent de nouvelles activités (commerce, entreprise, gestion locative…). Nous recrutons à tous les niveaux (commercial, administratif, comptabilité…), en CDI, en CDD, en agents co et ce, sur l’ensemble de la France.
« En ces temps compliqués pour les commerçants, notre modèle coopératif, qui permet d’être son propre patron tout en ayant la possibilité d’être accompagné et adossé à une grande marque, a de quoi exercer un fort pouvoir d’attraction.» Christine Fumagalli Présidente d’Orpi
JDA : Quel est le bon profil pour rejoindre Orpi ?
C. F. : L’important, c’est l’état d’esprit. Celles et ceux qui nous rejoignent doivent aimer la relation humaine, le partage et la collaboration. Nos parcours de formation en partenariat avec l’Espi [ndlr : École supérieure des professions immobilières] permettent aux collaborateurs qui n’ont jamais fait d’immobilier de venir nous rejoindre. Notre modèle coopératif est un atout, en phase avec les aspirations de toute une génération de candidats sensibilisés aux nouveaux codes RSE. Autre force sur laquelle nous capitalisons : pour tous les collaborateurs, un parcours de vie possible avec notre marque, présente dans toutes les régions et dans toutes les spécialités de l’immobilier.
JDA : A quelques mois de la fin de votre mandat de quatre ans, quel bilan dressez-vous ?
C. F. : Nous avons fait d’Orpi la marque de référence et le meilleur employeur dans la catégorie immobilier : une nouvelle plateforme de marque et une nouvelle identité visuelle, saluée en 2019 par un TOP/COM d’or ; tous nos parcours de formation en digital learning permettent d’accompagner la montée en compétences de tous, associés et collaborateurs, et notre CRM permettant de garder le lien avec nos clients. Et en 2021, nous misons sur notre projet ADB, nos futurs outils digitaux pour la gestion locative et le syndic de copropriété. Ils permettront à nos collaborateurs d’être déchargés des contraintes administratives pour se concentrer sur l’essentiel : la relation client. L’agent immobilier est un commerçant de proximité qui doit être en lien avec ses clients, sa famille, son univers.
JDA : Vous représenterez- vous à la présidence d’Orpi ?
C. F. : Non. Je me suis présentée avec un projet et, sans prétention, nous l’avons mené à bien avec mon équipe. Je suis fière du travail accompli. Je repartirai la tête haute en ayant rempli ma part du contrat. Je ne suis pas une carriériste mais une coopératrice.