Dans la nouvelle organisation gouvernementale, le logement est rattaché à la transition écologique, donc figure, de fait, au second rang protocolaire. C’est un geste très fort en même temps qu’un message très clair à l’adresse des professionnels : le logement doit être demain écoresponsable. C’est un objectif structurant de la politique de court, moyen et long terme. Pour y parvenir, la démarche ne doit pas être punitive mais pédagogique, accompagnante et aidée. Des arbitrages devront se gagner à Bercy. Les Français sont conscients des enjeux, et volontaires, à condition de les y aider.
Un actif tangible non délocalisable
La France manque d’environ 900 000 logements et notamment des logements résidentiels locatifs à prix raisonnables. La construction est en berne, les besoins ne cessent d’augmenter ; l’Insee les évalue en hausse de plus de 30 % en 2030, c’est-à-dire demain.
Construire des logements cumule de nombreux avantages. C’est tout d’abord un gisement d’emplois très important. C’est une bonne manière d’irriguer l’économie nationale et locale. C’est aider la transition énergétique et le développement durable grâce à une construction écoresponsable. C’est favoriser la mobilité professionnelle. Qui dit relance doit entendre croissance, et le logement est un levier majeur de croissance. La relance globale de notre économie doit donc naturellement s’appuyer sur le logement. C’est un actif tangible, non délocalisable et résilient : la valeur refuge par excellence. C’est également une alternative sérieuse pour les investisseurs face aux incertitudes de la Bourse et des marchés financiers volatiles. La relance ne devra laisser ni les primo-accédants, ni les classes moyennes sur le bord du chemin : ils rencontrent de plus en plus de difficultés à accéder au crédit immobilier et le marché locatif est très sélectif.
«Le logement est à la fois un produit de première nécessité et un élément clé du bien-vivre : une France bien logée est une France apaisée.»
Flécher l’épargne vers le logement
Même si le dispositif autour de la rénovation énergétique est positif, notamment avec Maprimerénov’, il faut aller plus loin encore. La France doit très rapidement lancer un programme national logement volontariste afin d’éviter que les fractures territoriales et sociales ne s’accroissent. Il faut repenser la chaîne de valeur de la production, depuis les règles d’urbanisme jusqu’à la vie dans les immeubles. Il faut aussi repenser les territoires et leur aménagement, les moyens de transport, produire du foncier abordable, favoriser les villes moyennes à distance raisonnable des grandes métropoles pour une meilleure qualité de vie. Tout ceci vaut également pour le parc existant et sa rénovation ; il doit retrouver une place de choix dans une politique volontariste. Plus de 7 millions de logements attendent d’être rénovés en France.
L’épargne est abondante dans notre pays et continue d’augmenter ; il convient donc d’encourager les Français à la flécher vers le logement, au service d’une politique ambitieuse. Pourquoi ne pas réinventer le vieux Plan épargne logement ? Outre les investisseurs institutionnels qu’il faut faire venir massivement, il faut penser aux petits bailleurs privés qui achètent avec un objectif de revenus complémentaires au moment de la retraite. Ils méritent amplement un statut es-qualité d’agent économique à part entière, eu égard à la fonction sociale qui est la leur : loger des familles.
A cet égard, l’action sur la transition énergétique devrait aller de pair avec une refonte globale de la fiscalité du logement, indispensable ; elle pourra se décliner autour de la lettre S : Simplifier, Stabiliser, Sanctuariser. Libérer au plus vite les fonciers disponibles, lancer des assises de l’urbanisme afin de repenser des règles plus en accord avec les besoins du terrain, créer un passeport des bons locataires, car la confiance est la clé de voûte d’un marché fluide entre bailleurs et locataires.