Le phénomène de retrait-gonflement des argiles, dû aux modifications climatiques, engendre chaque année sur le territoire français des dégâts considérables aux bâtiments. Une réalité dont doivent tenir compte les agents immobiliers qui seront confrontés, dans l’avenir, à de plus en plus de problèmes de fissures sur les bâtiments qu’ils auront à vendre, voire d’affaissement de murs porteurs ou d’instabilité à l’ouvrage, donc d’effondrement.
Depuis la première grande sécheresse de 1976, le phénomène s’accentue d’année en année. A l’époque, les experts ont eu du mal à déterminer la cause des fissures en forme d’ escalier qu’ils ont vu apparaître. Après de nombreuses études, l’explication est tombée : c’est l’argile ! Imbibé d’eau, le sol gonfle l’hiver et se rétracte l’été sous l’effet de la chaleur. Résultat : lorsque le sol est instable, les fondations bougent, se fissurent et entraînent des efforts et des tensions sur les différents éléments de maçonnerie. Les murs de façade se lézardent, témoignant ainsi de l’existence de contraintes sur un matériau.
Un phénomène qui n’est pas prêt de s’arrêter puisque le climat se modifie avec des températures de plus en plus élevées et des pluies de plus en plus intenses. Cette année, encore, les experts s’attendent à de nombreux sinistres. D’ailleurs, devant leur nombre toujours plus élevé et l’impact financier occasionné par ce phénomène de retrait-gonflement des argiles, le ministère de la Transition écologique a chargé le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) d’effectuer une cartographie de cet aléa. A peu près toute la France est concernée.
Pourquoi les sols gonflent-ils et se rétractent-ils ?
Le sol argileux est très fragile. Il réagit au climat. Il a cette particularité de voir, comme une éponge, sa consistance se modifier en fonction de sa teneur en eau. La consistance du sol devient dure et cassante lorsqu’il est asséché et malléable quand il est humide. Ces modifications de consistance s’accompagnent de variations de volume plus ou moins conséquentes : forte augmentation de volume (phénomène de gonflement) lorsque la teneur en eau augmente et, inversement, rétractation (phénomène de retrait) en période de déficit pluviométrique marqué.
Depuis de nombreuses années, les experts alertent les pouvoirs publics. Contre ce phénomène, il n’y a malheureusement pas grand chose à faire. La solution serait de ne plus construire avec des fondations. Mais impossible à faire lorsqu’il s’agit d’immeubles. Les agents immobiliers doivent donc se former sur ces questions. Ils n’ont plus le choix. A l’automne, lorsqu’il pleut abondamment, la vigilance doit être particulièrement de mise car c’est à cette période que l’on voit apparaître sur les bâtiments les fissures dues à la sécheresse de l’été. Ils doivent donc être vigilants et savoir conseiller leurs clients sur les démarches à faire pour être indemnisés et pour lancer des travaux de consolidation des fondations.
Des fissures propres à chaque matériaux
Chaque structure présente des fissures différentes en fonction du matériau qui la constitue :
- Les fissures sur les structures en brique ou en parpaing sont en escalier c’est-à-dire qu’elles suivent les joints des éléments qui composent le mur. On les trouve principalement au niveau des linteaux, des appuis de fenêtres, des sseuils de portes-fenêtres, au point de sablière ou encore en pied de mur aux angles où se trouve la fondation.
- Les fissures sur les structures en pierre sont en serpent. Elles suivent elles aussi les joints des éléments en pierre qui composent le mur. Elles trouvent leur point de départ en pied de mur ou au niveau de la charpente.
- Les fissures sur les structures en béton sont verticales et témoignent de l’existence de contraintes sur le bâtiment.
Les démarches à conseiller à vos clients
Avant d’engager des travaux de réparation des dégâts engendrés par ce phénomène de retrait gonflement des argiles, le propriétaire doit d’abord faire venir un expert pour constater le phénomène. Il doit ensuite adresser un courrier à sa mairie pour lui signaler le sinistre et faire ensuite une déclaration à son assureur. Il peut ainsi être indemnisé au titre de la garantie « catastrophe naturelle ». Celle-ci est incluse dans tous les contrats d’assurance multirisque habitation ou multirisque immeuble depuis la loi du 13 juillet 1982.
Lorsque survient un événement susceptible de présenter le caractère de catastrophe naturelle, le maire, sur demande des sinistrés, adresse au préfet une demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle. L’assuré doit déclarer son sinistre au plus tard dans les 10 jours suivant la publication au Journal officiel de l’arrêté interministériel de constatation de l’état de catastrophe naturelle pour les dommages matériels directs et au plus tard dans les 30 jours pour les pertes d’exploitation .
Attention, pour limiter les frais, les experts d’assurance ont tendance à minimiser ce qui est de l’ordre d’une catastrophe naturelle ; le propriétaire doit donc lui imposer une étude du sol de type G5 faite par un géotechnicien. Cette étude est comprise dans le contrat d’assurance, il ne faut pas hésiter à la faire réaliser.