L’arrivée de l’épidémie de Covid-19 en France a brusquement mis à l’arrêt toute l’activité immobilière. Fermeture des agences, annulation des salons et évènements professionnels, report des visites, suspension des procédures… Grands groupes ou professionnels indépendants, tous ont dû s’adapter et se réinventer pour faire face à cette situation. Les deux grands gagnants de ces deux mois inédits de confinement dans le secteur de l’immobilier sont probablement la formation et la dématérialisation. Depuis le 11 mai, les acteurs de l’immobilier tirent les leçons du confinement.
1. Avoir toujours un plan d’action
Dès le lendemain du confinement, les états-majors des grandes enseignes immobilières redoublaient d’imagination pour occuper leurs troupes à la maison. Réunions en visioconférence, méditation, coaching, conseils en nutrition, séances de yoga ou de cardio… tout un arsenal de mesures a été déployé pour éviter que les collaborateurs en chômage partiel ou les conseillers immobiliers indépendants ne soient livrés à eux-même et en proie à des ruminations anxiogènes.
Le temps du confinement a été mis à profit pour mettre à jour ses connaissances et celles de ses équipes via des formations en ligne. L’École supérieure de l’immobilier (ESI) a ainsi mis en place une offre de formations à distance « Solidarité », à coût réduit, permettant à plus de 3 000 professionnels de se former pendant la période.
Autre initiative, les « mastermind Covid-19 » du formateur immobilier Olivier Guerre ont fait un carton plein. « Tous nos consultants formateurs ont continué à travailler à 100 % pendant le confinement pour accompagner les agences ERA. Nous avons réalisé 6 500 sessions de formations gratuitement », indique Éric Allouche, directeur exécutif du réseau ERA France. Chez Century 21, le réseau est resté sous tension avec des plans d’action hebdomadaires. Une stratégie qui a porté ses fruits : la semaine précédant le déconfinement, les agences du groupe ont pu prendre des rendez-vous qui se sont transformés en transactions.
2. Intégrer les nouvelles envies des clients
Cela crée des envies de changement. De son coté, Laurent Demeure, président de Coldwell Banker France et Monaco, s’attend progressivement à une montée en puissance de la demande entre septembre et décembre. Les raisons sont liées au changement des comportements induits par le confinement (besoin d’espaces extérieurs, d’un espace pour le télétravail, de se rapprocher d’un lieu de travail dû aux freins à utiliser les transports collectifs) et les évènements de la vie (augmentation des divorces, baby-boom possiblement attendu, décès liés à l’épidémie et successions).
3. Dématérialiser les process
depuis deux ans, quel que soit l’acte : « La signature électronique nous a permis de pouvoir mener à terme, sous forme de compromis électroniques, 95 % des projets qui avaient été amorcés avant la mise en place du confinement. Nous avons équipé les 350 agences du réseau pour la visioconférence. Cette expérience singulière apportée par le confinement nous montre qu’aujourd’hui, les gens vont optimiser leurs déplacements ».
Cette accélération des visites virtuelles et la dématérialisation de la relation client est confirmée par Christine Fumagalli : « On s’aperçoit que ça peut correspondre à une vraie étape dans le parcours d’un client. Faire ses recherches et ses prévisites virtuellement peut être un véritable gain de temps, tout comme les estimations à distance. Aujourd’hui, on peut aller très loin dans son projet de façon dématérialisée. »
4. Opter pour le « phygital »
Même si la crise a confirmé l’importance du digital et de la dématérialisation, les grands acteurs de l’immobilier s’accordent tous sur un point : l’importance, plus que jamais, de la relation physique. Et tous louent le compromis du « phygital », ce bon dosage entre l’utilisation des outils digitaux et la présence physique. Si le digital permet aujourd’hui de gagner du temps et d’aller loin sur un projet, le besoin de contact physique reste indispensable et rien ne le remplacera. « Il faut ressentir les lieux », explique la présidente d’Orpi. « Ce confinement m’a convaincu un peu plus que, dans le métier d’agent immobilier, le digital sans le physique n’est rien, corrobore Laurent Vimont. C’est un métier de contact absolu. Et ces contacts, on peut les optimiser, mieux les organiser grâce au digital.
5. Miser sur la pierre refuge
Les mesures de confinement décidées par le gouvernement pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 ont confirmé l’attachement des Français à l’immobilier et à la pierre, de l’avis de l’ensemble des professionnels. « La pierre devrait sortir renforcée de cette période face à des places boursières qui ont montré qu’elles étaient toujours aussi volatiles », explique Yann Jéhanno. Elle est plus que jamais une « valeur refuge », renchérissent Christine Fumagalli et Brice Cardi. Enfin, pour Éric Allouche, directeur de ERA Immobilier « l’immobilier reste un besoin primaire. Tout le monde a besoin de se loger. C’est une valeur sûre parce que c’est un bien tangible, c’est-à-dire inscrit dans la matérialité »…