Récentes ou anciennes, très peu d’habitations n’ont aucune fissure, les matériaux de construction, quels qu’ils soient, subissant inexorablement les saisons. De la plus superficielle à l’évolutive, de l’inesthétique à la plus dangereuse, chaque fissure mérite que l’on s’en préoccupe. Et ce, d’autant plus qu’avec le réchauffement climatique et la terre qui s’assèche, les sols se modifient et bougent. Résultat, les conditions climatiques malmènent les fondations et les murs ! Et de plus en plus de fissures, signe d’un tassement de terrain, lézardent les façades.
Murs porteurs fissurés, vides sous plinthes, affaissement de dallage, portes et fenêtres qui ne se ferment plus… sont autant de signes d’un mouvement de sol et de portance du sol d’assise des fondations qui doivent vous alerter. Mais il y a aussi les fissures. Si certaines sont superficielles, d’autres sont plus ou moins dangereuses, selon leur emplacement sur le mur (angle en pied de mur ou au point de la sablière, linteau, allège). Celles qui méritent une extrême attention ? Les fissures en escalier, souvent situées au niveau des linteaux, des appuis ou des seuils d’une porte-fenêtre. Et pour cause : elles peuvent compromettre la solidité de la structure en parpaing !
Savoir comment reconnaître les fissures
Il est donc important de savoir faire la différence entre les fissures. Pourtant, ce n’est pas le fort des agents immobiliers, très peu formés sur la question. Or, lorsque vous estimez un pavillon, une maison de ville, de campagne, mieux vaut être capable de les analyser car, si certaines ne sont que dilatation de matériaux, d’autres sont graves. Elles sont le signe d’une fondation prête à casser ou déjà cassée qui peut mettre en danger l’ouvrage allant jusqu’à son effondrement. Et si vous n’informez pas le client que le bien qu’il achète présente une pathologie structurelle grave, c’est votre responsabilité qui est engagée. Ce dernier pourra se retourner contre vous pour défaut de devoir de conseils. La vigilance est donc de mise !
« De plus en plus d’agents immobiliers se forment sur le sujet des fissures, explique Dominique Boussuge. Ils ont conscience de leurs lacunes. Mais ils sont encore trop peu nombreux. Beaucoup préfèrent penser que cela n’arrive qu’aux autres. Pourtant, ce sont des questions graves. Et tant qu’un diagnostic structure ne sera pas obligatoire, on continuera d’avoir beaucoup de problèmes sur les bâtiments. »
Qu’est ce qu’une fissure ?
Une fissure se caractérise par sa longueur et surtout par son ouverture, c’est-àdire l’écartement entre ses deux «lèvres », appelé également « amplitude ». Les fissures peuvent avoir des causes très différentes. Il est important de connaître leur origine :
- les fissures dues aux mouvements de terrain entraînent une instabilité au sol d’assise des fondations ;
- si le sol est instable, les fondations peuvent bouger, se fissurer et entraîner des efforts et des tensions sur les différents éléments de maçonnerie, et des fissures en escalier apparaissent alors sur les murs de façade.
On distingue trois types de fissures
- Les microfissures sont superficielles et leur largeur est inférieure ou égale à 0,2 mm. Selon leur forme, elles peuvent être structurelles ou simplement associées à de la dilatation de matériaux. Attention, les microfissures ou fissures en escalier, c’est-à-dire quand elles suivent le joint des parpaings composant le mur, proviennent d’un problème au sol d’assise des fondations.
- Les fissures sont très souvent représentatives d’une dilatation entre deux matériaux qui n’ont pas la même nature (brique/parpaing ou pierre/béton, etc.) et comme les microfissures, selon leur forme, elles peuvent être structurelles. Leur largeur peut aller de 0,2 à 2 mm.
- Les lézardes, appelées aussi fissures traversantes, ont une largeur de plus de 2 mm et souvent dépassent les 20 cm de long.
La forme : un indicateur de gravité
Il faut savoir identifier les fissures selon leur forme pour reconnaître leur dangerosité. Les matériaux de structure sont des indicateurs.
- Sur une structure en brique ou parpaing Les microfissures ou fissures sont en escalier, c’est-à-dire qu’elles suivent les joints des éléments de structure en parpaing ou en brique qui composent le mur. Ces fissures peuvent entraîner des problèmes d’humidité dans le bâti. On les trouve principalement au niveau des linteaux, des appuis de fenêtres, des seuils de porte-fenêtre, au point de sablière ou encore en pied de mur aux angles où se trouve la fondation.
- Sur une structure en pierre Les microfissures, ou fissures dites en serpent, suivent les joints des éléments de structure en pierre qui composent le mur. Elles trouvent leur départ en pied de mur ou au niveau de la charpente.
- Sur une structure en béton Les microfissures ou fissures sont verticales et témoignent de l’existence de contraintes sur la structure. Elles peuvent entraîner des problèmes d’humidité dans le bâti et, si de l’eau y pénètre, on parle alors de fissure infiltrante.
Attention au tassement de sols
Réchauffement climatique oblige, les périodes de sécheresse s’enchaînent. Or, elles font évaporer l’eau naturellement présente dans les sols entraînant une réduction de leur volume, d’où des dommages liés à des tassements différentiels qui se manifestent sous forme de fissures structurelles. Quelles sont celles qui doivent vous alerter ?
- les fissures en escalier à 45° depuis l’angle d’une porte ou d’une fenêtre au niveau d’un linteau, d’un seuil ou d’un appui ;
- les fissures en escalier à 45° partant à l’angle du pied de mur au-dessus de la fondation tassée ;
- les fissures en diagonale à l’angle d’un pignon à la rencontre du toit et du mur ;
- les fissures horizontales sur le sol intérieur d’un bâti sectionnant en deux le bâti ;
- les dommages dus à l’affaissement d’une cavité pouvant entraîner l’effondrement brutal du bâti.