Dessiner une image prospective de la profession immobilière et comprendre comment s’y préparer est un exercice qui éclaire la route vers le futur. D’autres secteurs ont déjà entamé leur mutation. L’industrie automobile, par exemple, s’est forgée un consensus sur la voiture : électrique, autonome et partagée. Ce consensus, validé par la quasi-totalité des constructeurs, permet au secteur de piloter sa recherche et développement, et de diminuer les risques liés aux très lourds investissements nécessaires. Ce bref article est une première esquisse vers ce que pourrait être la transaction immobilière dans dix ans.
Le ciblage des vendeurs
L’agent immobilier développe sa notoriété avec de la publicité, du boîtage, une vitrine, et attend que le vendeur pousse sa porte. Demain, c’est l’analyse des données qui permettra de savoir qui veut vendre, quel bien, etc. Celui qui maîtrisera la data tiendra le mandat de vente. Google Amazon et Facebook auront le monopole de ces données. La capacité à les acquérir et les exploiter sera le facteur clé de succès majeur des agents immobiliers.
L’estimation du prix
C’était hier le monopole de l’agent immobilier qui avance un prix après une visite du bien et en se référant à son expérience personnelle. Demain, le prix sera fondé, d’une part, sur un argus reposant sur des données publiques fiables, exhaustives et admises par tous et, d’autre part, sur une analyse du bien (via des photos) par des intelligences artificielles. Le rôle de l’agent sera alors d’expliquer ce qu’il faut faire pour vendre plus vite ou plus cher…
La publicité du bien
En une génération, la profession est passée de l’annonce immobilière de trois lignes dans la PQR à l’annonce publicitaire sur Internet comportant photos, vidéos, plans, visites 3D, configurateurs, etc. Cette évolution va se poursuivre, et les annonces devront provoquer des émotions, et non des raisons, qui déclenchent le coup de coeur. Les agents immobiliers changeront de métier pour devenir des véritables professionnels du marketing digital.
L’organisation des visites
La visite du bien par l’acheteur se fera entièrement de façon digitale. Personne ne se déplacera alors que tout est sur Internet. C’est déjà le cas pour les ventes en Vefa. Éventuellement, une visite et une seule aura lieu pour vérifier que la réalité est conforme au virtuel. Cette perspective conduit à une évolution structurante pour la profession : la quasi disparition des négociateurs qui passent en moyenne 80 % de leur temps en visites inutiles.
Le formalisme de la vente
Les documents contractuels et leur préparation passent encore en totalité par le papier et par des signatures à l’agence ou chez le notaire. On envoie encore des lettres recommandées ! La lourdeur de ces processus ralentit la transaction et coûte cher. La technologie blockchain de stockage de données numériques sécurisées et décentralisées, qui devrait se généraliser d’ici cinq à dix ans, va sécuriser, accélérer, simplifier et diminuer les coûts des processus liés à la vente immobilière. L’industrie immobilière aurait intérêt à s’entendre sur une blockchain commune à la profession.
100% de parts de marché
Ces perspectives qui bousculent les méthodes de travail actuelles ont une qualité indéniable : elles sont hors d’atteintes du particulier et entraîneront la disparition de ventes entre particuliers.