Le Président de la République a compris de longue date qu’il fallait libérer les énergies de notre pays qui ne demandent qu’à avancer et à gagner. Dans cet élan, le très symbolique impôt de solidarité sur la fortune devait mourir : s’il a changé plusieurs fois de nom, il a toujours été sous-tendu par l’idée que le patrimoine est coupable et que celles et ceux qui le détiennent sont marqués par le péché originel. L’idéologie, qui a fini par contaminer toutes les familles politiques et s’inscrire profondément dans la pensée des Français, a rendu aveugle : le patrimoine, qu’on pourra nommer fortune s’il est important, est le fruit du travail, de la transmission aussi, parce qu’on a le droit d’avoir la chance que d’autres aient travaillé avant soi et ait voulu vous protéger.
Au moment de lever ce frein, voilà que l’exécutif fait une étrange distinction entre les actifs productifs et les actifs non productifs. Les valeurs mobilières, au motif qu’elles constituent des moyens investis dans les entreprises, sont dans le premier lot d’office, quand l’immobilier est assimilé à un investissement stérile, une « rente » – c’est le terme qu’Emmanuel Macron a utilisé spontanément et sur lequel malgré les tollés il n’est jamais revenu-sauf si son usage renvoie à l’exploitation d’une entreprise ou d’un commerce. Étonnant que des responsables politiques modernes, et jeunes pour la plupart d’entre eux, portent un regard neuf sur l’économie et chaussent au dernier moment de vieilles lunettes pour ajuster leur décision.
Pour toutes les raisons du monde, l’immobilier a sa place du côté des actifs qui concourent à la création de richesse. Quelques indicateurs qui en disent long: plus d’un million et demi d’emplois directs dans la filière, un demi-million d’emplois indirects, de l’ordre de 25% de la croissance, et un rapport pour l’État qui flirte avec les 3,5% du produit intérieur brut. Et puis il y a le bénéfice que le secteur apporte à la nation: le logement est un bien de première nécessité, dont personne ne peut se passer. Il conditionne son existence sociale. Sans adresse, pas d’emploi, pas de reconnaissance administrative.
D’ailleurs, l’abattement admis par l’administration fiscale de 30% sur la valeur des résidences principales pour le calcul de l’ISF hier, de l’IFI bientôt -si le Sénat ne contrarie pas l’Assemblée Nationale- veut bien dire que l’État est mal à l’aise avec la stigmatisation du logement: oui, même ceux qu’on dit riches doivent habiter quelque part!
Quant aux investissements locatifs, la situation est simple: que ferait le pays sans ses 5 millions de ménages propriétaires des quelque 6,5 millions de logements loués? Le parc HLM, avec ses 4,5 millions d’unités, n’y suffirait pas.
Les résidences secondaires ?
On est tenté de les trouver improductives…à tort: elles font pour la plupart l’objet de travaux de rénovation et d’entretien parce qu’elles sont anciennes et vétustes, et les artisans partout sur le territoire, du gros œuvre aux jardiniers-paysagers, ne vivraient pas sans ces logements de loisir. Qui plus est, leur coût de fonctionnement mène de plus en plus souvent leurs propriétaires à les mettre en location, et ainsi à les réintégrer dans le circuit des biens d’exploitation.
Alors peut-on prétendre que l’immobilier résidentiel est improductif ? Ceux qui nous gouvernent se trompent. S’agissant de femmes et d’hommes férus de digital, on s’autorisera ce clin d’œil : faut-il que le réseau Wifi soit de mauvaise qualité pour qu’il y ait tant d’incompréhension entre les pouvoirs publics et la communauté immobilière ! La liaison doit d’urgence être rétablie, pour éviter une politique du logement qui n’aimerait pas le logement.