JDA : Quel bilan dressez-vous de votre présidence à la FNAIM ?
Jean-François Buet : Avant, pour citer nos activités, il était coutume de parler d’immobilier et d’agences immobilières. Aujourd’hui, on parle logements, d’acteurs du logement et d’économie. C’est un changement majeur ! Il y a cinq ans, personne ne savait que le logement représentait 40 milliards de dépenses pour l’État et 68 milliards de ressources. Cette vision économique et pragmatique du logement a été rendue possible par la mise en place d’une cellule économique et par une communication adaptée avec notre base line « agir pour le logement ».
Nous avons fait prendre conscience, à nos adhérents, aux médias, aux politiques que nous sommes de véritables acteurs du logement et qu’il s’agit d’un pan entier de notre PIB. Mon rêve, c’est que les agents immobiliers soient enfin perçus comme les vrais professionnels du logement.
JDA : Quelle lecture avez-vous de l’action de Jean-François Buet ?
Jean-Marc Torrollion : Il a su cultiver du lien, rassembler, incarner et défendre tous les métiers de la fédération. Il a su équilibrer ses propositions et a tiré la profession vers le haut en n’oubliant personne. Derrière la loi Alur, qu’il a fallu durement négocier, il a porté une exigence de professionnalisation, ce qui était vital. La profession a répondu présente.
J.-F. B. : L’adoption et la mise en place de la loi Alur, avec ses nombreuses réglementations, ont découragé en effet certains indépendants qui ont préféré vendre leur affaire ou accélérer leur départ à la retraite. L’arrivée du digital a également conduit nombre de professionnels à modifier leur fonctionnement. Moi-même, je suis passé de 4 points de ventes à 2 tout en gardant le même nombre de collaborateurs. De fait, la Fnaim compte aujourd’hui 10 000 adhérents – et représente 50,37 % de la branche, selon les critères définis par la loi travail et prenant en compte le nombre d’adhérents, de salariés et les actions de lobbying.
JDA : Quelle est votre feuille de route pour les années à venir ?
JDA : Qu’attendez-vous concrètement ?
J.-M. T. : Nous avons tous les inconvénients d’une profession réglementée, il est temps que nous en ayons aussi les avantages, que l’on nous considère différemment, au même titre que d’autres professions réglementées, tels les notaires, les avocats, les experts comptables. Nous gérons une épargne investie dans l’immobilier, le patrimoine immobilier destiné à la location pèse 700 milliards d’euros. Ce n’est pas rien, c’est pour cela d’ailleurs que je suis contre l’encadrement des loyers – on ne confisque pas l’épargne des gens ! Lorsque nous faisons de la transaction, nous faisons de l’intermédiation sur des flux considérables qui se chiffrent en centaine de milliards d’euros. Et lorsque nous gérons des copropriétés, nous gérons également des flux financiers considérables. Et tout cela, il faut le rappeler, avec une sécurisation exceptionnelle.
Nous devons par ailleurs capitaliser sur notre représentativité régionale pour parler de nos territoires. Notre fédération compte des spécialistes en fonds de commerces capables de parler de la désertification des centres-ville, des spécialistes en immobilier d’entreprise capables de parler de l’attractivité de la France, des spécialistes en investissement rural et forestier, des spécialistes de l’investissement de loisirs, Nous disposons d’un vivier de compétences incroyables au sein de la Fnaim, ce savoir, cette dynamique entrepreneuriale, il va falloir les faire émerger !
JDA : Comment voyez-vous l’évolution du métier ?
J.-M. T. : Aux Etats-Unis, le titre de Realtor, inventé par la NAR (National Association of Realtors), est protégé. Seuls les adhérents de la NAR peuvent s’en targuer. Je porte une ambition sur le fait que l’on puisse être, d’un côté agent immobilier, de l’autre mandataire ou salarié VRP. La valeur ajoutée de l’intermédiation est indispensable. Les coups de boutoir des nouvelles technologies n’ont pas engendré une perte de la part de marché des professionnels. Ils ont engendré de nouvelles formes de professionnels. Tout le problème pour nous est de savoir si ces nouvelles formes sont compatibles avec l’idée de structurer, de sécuriser un marché et d’apporter le service maximum. Et c’est là où notre syndicat a un rôle à jouer vis-à-vis des pouvoirs publics. Si notre réglementation a du sens, elle doit s’appliquer à tout le monde et pouvoir être adaptée aux enjeux technologiques qui sont les nôtres. Je considère qu’un mandataire à domicile doit pouvoir être contrôlé par la DGCCRF.
JDA : Que pensez-vous des nouveaux modèles d’agences digitales, sans honoraires, avec des honoraires librement fixés par les clients ?
J.-M. T. : Nous mettons en place une cellule prospective, en veille permanente, sur ces initiatives. La fédération n’est pas là pour imposer un modèle d’entreprise mais un modèle de compétence et de professionnalisme. La Fnaim n’est pas un directeur de conscience de la digitalisation. A un moment donné, de toute façon, les chiffres écrasent toutes les démonstrations. Le véritable danger, c’est qu’il existe aujourd’hui des entreprises qui sont capables de lever des fonds en assumant des pertes durables pour déstructurer un marché, à l’instar d’Uber, Amazon, ou de Blablacar. Nous devons faire attention à ces nouveaux phénomènes disruptifs, c’est pour cela que l’enjeu de la réglementation est essentiel.