« Constatant le chemin parcouru, fier de son indépendance, la totalité du capital étant resté familial, le Groupe se penche sur son passé. Ses forces lui permettent de regarder résolument vers l’avenir avec confiance et optimisme ». Cette profession de foi signée Michel Pelège, est le dernier paragraphe d’un édito sur les 30 ans du Groupe Pelège sur le site Internet du Groupe. Le 21 mars 1984, Michel Pelège créait Rocher Habitat avec 20 000 francs de capital. Le 7 octobre 1987, la jeune pousse qui a fait ses preuves était rebaptisée Pelège, du nom de son créateur et président. « En 30 ans (…) les écueils furent nombreux, les crises dures, les chausse-trappes insidieuses, les changements législatifs et réglementaires incessants. Mais ce ne furent, tout compte fait, que péripéties, philosophe Michel Pelège. Et de citer l’adage de Nietzche, « tout ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort »». Retour sur le parcours d’un combattant qui n’a pas lâché le manche.
Magnat de l’immobilier au début des années 90
Quand on lui demande ce qui le fait vibrer aujourd’hui, sa réponse fait presque sourire tant elle respire la simplicité : « Le soleil, le ciel bleu, la jeunesse qui ne m’a pas quitté (…) moi ce qui me motive, c’est d’entreprendre, de construire, de développer » s’exclame Michel Pelège. Tout commence lorsqu’il entre aux Galeries Lafayettes. « En rentrant du service militaire je cherchais un emploi, et les Galeries Lafayettes ont bien voulu m’accueillir, dans leur bureau d’étude » raconte Michel Pelège. L’objectif ? Devenir cadre dans ce grand magasin, avec une formation en accéléré. Le jeune entrepreneur commence d’abord par vendre des draps. Il finit par se lasser, et sentir que son destin est ailleurs. En 1963, « J’ai répondu à une autre petite annonce : importante société immobilière cherche attaché de direction, et cette société c’était la SCIC (Société Centrale Immobilière de la Caisse des dépôts ndlr) détaille-t-il.
« Moi ce qui me motive, c’est d’entreprendre, de construire, de développer »
S’ensuit une brillante carrière de promoteur immobilier dans les années 80. « J’ai fait une très très brillante carrière, au sein d’une société éminente, la SCIC où vraiment j’avais un avenir assuré », se souvient le Président du groupe Pelège. Mais alors pourquoi être parti ? « Geste inconscient de folie ou je ne sais quoi… J’ai quitté pour la SMCI ». Il passe quelques années en tant que salarié chez le promoteur, puis rachète la SMCI en 1985. « J’avais 80% du capital et j’avais quatre banquiers » explique-t-il, « et nous avons connu un développement que je n’ose même pas détailler aujourd’hui. Un pôle dans le BTP, la société de bâtiment SAE, devenue EIFFAGE par la suite, une banque sur les Champs-Élysées, un pôle dans l’hôtellerie avec Alliance…. On avait développé l’hôtellerie, l’assurance, l’administration de biens…on était devenus le premier administrateur de biens de France à l’époque, le 4e hôtelier de France ».
Lâché par les banques pendant la crise, il perd la propriété de son groupe en 1993
Patatras… Au début des années 1990, la grande crise immobilière vient toutefois stopper cette folle ascension. « Ca a commencé par l’hôtellerie, et puis la crise a tapé sur tout. Nous étions rentrés en bourse, et à l’époque l’entrée en bourse qui m’apparaissait comme une consécration, c’était un élément amplificateur des risques », analyse-t-il aujourd’hui. Après avoir fait les couvertures des magazines en qualité en qualité d »entrepreneur de l’année, Michel Pelège n’a pas été épargné par la presse dans les années qui ont suivi, tout au long de sa dégringolade. Cela l’a t-il atteint ? « J’étais en bonne santé (…), le chef ne se préoccupe pas de ce qui est sans importance », répond-il.
« Mon erreur a été d’appuyer le groupe sur la promotion immobilière, un métier par définition aléatoire »
Michel Pelège pense voir où est son erreur aujourd’hui : « c’était d’appuyer un groupe sur la promotion immobilière, parce que la promotion immobilière, c’est pas définition un métier aléatoire ». En tout cas, la crise touche tous les métiers de l’immobilier, et créé une chute vertigineuse des prix sur le marché – 30 ou 40%. « C’était la plus dure crise immobilière que la France ai connu depuis 1945 ». Les prix chutent, les cours de bourse chutent… Du coup, les banquiers s’en vont et… il perd la propriété du groupe, « c’était normal, c’était eux qui avaient financé le développement du groupe (…) donc tout ce qu’on avait construit a été repris par le pool de banquiers qui m’avait pourtant soutenu pendant toute la période ».
Et à l’âge où d’autres prennent leur retraite, il fait le choix de continuer
« Ensuite, j’avais le choix entre prendre ma retraite, mais j’étais assez jeune, donc j’ai décidé de remonter quelque chose » raconte le Président du groupe Pelège. Lâché par les banques, Michel Pelège ne se démonte pas pour autant. A 56 ans, à l’âge où certains font le choix de se la couler douce à l’étranger, il redémarre. « La vie n’est-elle pas un éternel recommencement ? C’est un recommencement mais différemment, avec l’expérience dans un monde différent » explique-t-il.
« Depuis 1993, j’appuie le développement du groupe Michel Pelège sur l’administration de bien et la prestation de services ».
En 1993, il joue la carte de la sécurité et remonte une société d’administration de biens avec GTF et s’exporte dans plusieurs villes, Lyon notamment. Tirant les leçons des erreurs du passé , il développe son groupe en s’appuyant sur l’administration de biens et la prestation de service.
Aujourd’hui, le Groupe Pelège regroupe 15 sociétés qui recouvrent la quasi-totalité du spectre de l’immobilier : transactions d’habitation notamment avec les agences immobilières Vaneau, administration de biens, promotions immobilières, immobilier tertiaire, maîtrise d’ouvrage déléguée, assurances, locations saisonnières ou encore conseils en patrimoine. « Le groupe Pelège fait maintenant 40,5 millions d’honoraires, commissions et autres (…). Je suis parti à 2, on est au moins 400 personnes maintenant, donc d’une certaine manière, je suis créateur d’emploi », s’amuse Michel Pelège. Son moteur ? « L’entreprenariat, la construction. J’ai deux fois l’âge d’Emmanuel Macron, et je ne rêve que d’une chose, lancer de nouvelles opérations de promotion ». A bon entendeur…
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