JDA : Vous avez quitté la présidence de SeLoger il y a neuf mois pour celle d’i@d. Il y a t-il des points commun entre les deux sociétés ?
Roland Tripard : Ce sont deux entreprises aux projets de construction à très grande vitesse, portés par des fondateurs visionnaires – Amal Amar pour SeLoger, Malik Benrejdal pour i@d, et qui ont chacune changé la façon de travailler. Aujourd’hui, je suis fasciné par la puissance du modèle d’I@D qui conjugue immobilier, digital et marketing de réseau et incarne l’avenir du secteur de l’immobilier.
JDA : Qu’y a-t-il de disruptif dans le modèle i@d ?
Roland Tripard : L’idée commune à tous les réseaux d’agents mandataires de travailler avec des indépendants, sans agence et avec des honoraires plus faibles (entre 3 et 3,5%) bien sûr. C’est aussi un modèle social unique qui permet de fédérer des milliers de conseillers immobiliers qui sont autant d’entrepreneurs indépendants. Chez I@D, c’est également la possibilité pour tous ceux qui le souhaitent de devenir de vrais chefs d’entreprises, grâce au marketing de réseau, le « multi level marketing ». C’est bien sûr aussi le partage des mandats. Chez nous l’entrée et la sortie du mandat sont dissociées et le partage d’affaires au cœur de notre ADN. Cela nous permet d’être plus fort, de vendre plus vite. Au fondement du réseau, il y a d’ailleurs l’idée de constituer un MLS géant, à l’image de ce que les agents immobiliers américains ont si bien réussi à mettre en place.
JDA : Comment ça marche le marketing de réseau ?
Roland Tripard : Au fur et à mesure que les conseillers passent des formations certifiantes (gratuites) et réalisent des transactions générant du chiffre d’affaires, ils vont pouvoir à leur tour parrainer de nouveaux conseillers immobiliers, les coacher et les accompagner à devenir eux-mêmes parrains. Chez i@d France, nous avons aujourd’hui 4100 conseillers immobiliers dont plus de 1600 managers-parrains. 40 de ceux-ci ont une organisation dans laquelle il y a déjà plus de 100 conseillers ! Et plus les uns et les autres développent leurs équipes, mieux ça fonctionne pour tout le monde grâce au partage systématique des mandats et des acquéreurs.
JDA : Comment vos conseillers sont-ils rémunérés ?
Roland Tripard : Ils touchent 69% des honoraires des transactions qu’ils réalisent. Lorsqu’ils sont managers et qu’ils ont des filleuls, ils touchent aussi chaque mois une commission de parrainage, non plafonnée, sur les transactions de tous leurs filleuls et ce sur 5 niveaux. Enfin, en tant qu’entrepreneur indépendant, ils disposent de surcroit d’une troisième source de rémunération liée à terme à la cession de l’organisation commerciale constituée par l’ensemble de leurs filleuls. Avec i@d, un entrepreneur qui aime l’immobilier n’a plus besoin de créer une agence. En déboursant 350 euros de droits d’entrée et 165 € HT chaque mois, il peut gagner sa vie en exerçant son activité au quotidien mais aussi disposer de revenus récurrents et se constituer un patrimoine grâce au développement de son organisation commerciale. C’est cela qui est révolutionnaire !
JDA : Qui sont vos conseillers indépendants ?
Roland Tripard : Certains ont 20 ans d’expertise dans l’immobilier, d’autres 10 ans dans la restauration, d’autres encore sont des pompiers à la retraite… Nous offrons à chacun la capacité d’exercer un métier relationnel, au coeur de la vie des gens. La seule chose que nous exigeons c’est l’envie et la motivation de passer les étapes indispensables de la formation. A partir de là, nos conseillers ont tous les leviers pour travailler à leur guise dans une organisation flexible, pérenne, non hiérarchique et qui s’adapte aux projets de vie de chacun. Travailler sans compter ses efforts pour se constituer une organisation de 100 personnes en 3 ans, ou au contraire disposer de revenus d’appoint en travaillant deux jours par semaine par exemple. La magie de notre modèle social c’est de permettre à chacun de se reconvertir, de rebondir, de s’épanouir en fixant ses propres objectifs et ses propres contraintes.
JDA : Réussir n’est pourtant pas donné à tout le monde ?
Roland Tripard : Non, car tout le monde n’a pas la capacité de travailler en autonomie. La première année est décisive : une personne sur deux environ nous quitte au cours de la première année. Ceux qui n’y arriveront pas mettent en général environ 6 mois à réaliser que l’immobilier n’est pas fait pour eux, ou qu’ils ont du mal à trouver seuls leur motivation. A partir du moment où les conseillers parrainent et deviennent managers en revanche, il n’y a quasiment plus de départ. Nous créons entre 100 et 150 emplois nets par mois. Notre objectif est de passer à 5 000 conseillers indépendants d’ici douze mois et à 20 000 dans les années qui viennent.
JDA : Où en êtes-vous de votre développement à l’international ?
Roland Tripard : Nous sommes présents au Portugal avec 400 conseillers, dont une centaine ont des parrains Français. A partir de janvier prochain, les conseillers ayant de la famille, des copains ou du relationnel en Espagne ou en Italie vont pouvoir aussi parrainer là-bas. Notre modèle de développement de réseau par le relationnel fonctionne aussi très bien à l’international. Notre terrain de jeu, c’est le monde. Notre ambition, devenir le nouvel acteur de référence de la transaction immobilière, comme AirBnB ou BlaBlaCar sur leurs marchés respectifs.
Propos recueillis par Ariane Artinian