La Fondation Abbé Pierre vient de rendre public son rapport annuel sur le mal-logement. Ce document, attendu par les pouvoirs publics et par tous les acteurs du logement pour ajuster leur action, devrait fournir une photographie intègre sur le mal-logement en France. Les propositions formulées devraient être dictées par le souci d’améliorer les politiques publiques, plutôt que par celui de stigmatiser et de trouver des boucs émissaires.
Non, les acteurs privés du logement, agents immobiliers et administrateurs de biens, ou encore propriétaires, ne sont pas responsables des difficultés des ménages. Ils ont même contribué au traitement du mal : les loyers d’habitation et les prix de cession ont baissé partout en France, dans la plupart des villes moyennes et des grandes agglomérations. Dans ce contexte, réclamer l’extension de l’encadrement des loyers et de la protection des locataires, ou un renforcement de l’attitude prudentielle des prêteurs, est aberrant et fait courir le risque d’une compression du parc locatif et d’un resserrement de l’offre des biens à vendre.
S’agissant de l’estimation des personnes souffrant du mal-logement, la Fondation Abbé Pierre cède à la tentation de tordre les chiffres et de les manipuler, dénombrant à 15 millions les Français malades du logement, soit près d’un quart de la population. Cela relève de l’imposture statistique. On notera d’abord qu’elle interprète des données tirées de l’Enquête Nationale Logement (ENL) de 2013 de l’INSEE, rendant compte de la situation du pays en 2010, avec des commentaires faits en 2017. Entretemps, le marché s’est tempéré en matière de prix des locations et des ventes. L’offre locative neuve a été abondée sur cette période de l’ordre de 250 000 logements grâce à l’efficacité du dispositif Pinel, ce qui est passé sous silence. Est également ignoré le nombre d’investissements dans le logement existant, de l’ordre de 120 000 supplémentaires par an.
Un seul satisfecit : la Fondation réclame, reprenant l’idée de la FNAIM, une reconnaissance fiscale du bailleur selon l’effort consenti sur le loyer. Ce concept gagnant-gagnant doit inspirer d’urgence les candidats à l’élection présidentielle.
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