L’humour pour envoyer quelques messages
Un bon croquis vaut mieux qu’un long discours. Pour fêter ses 70 ans, la FNAIM a repris à son compte la phrase de Napoléon. Elle a invité cinq dessinateurs de presse, Marianne Maury Kaufmann, Kak, Deligne, Albert, et Cambon, à donner libre cours à leur inspiration. Ils ont répondu largement à l’invitation pour traiter avec mordant « L’immobilier dans tous ses états ».
L’humour aide à faire passer bien des choses. Peut-être atteindra-t-il davantage les pouvoirs publics que les livres blancs ou autres lettres ouvertes. Car sur le fond, ce sont bien les mêmes questions récurrentes qui transparaissent de ces dessins.
Le manque de considération des pouvoirs publics apparaît en filigrane
En premier lieu, il y a le fossé entre les décisions, législatives ou réglementaires, et le vécu quotidien des Français. Bon nombre de dessins brocardent le jargon de l’immobilier. D’autres moquent la lourdeur des procédures avant d’acheter, vendre ou louer. Mais ce sont là les conséquences de textes rédigés sans concertation avec les professionnels sur le terrain. Ces derniers doivent ensuite les mettre en application, alors qu’ils sont les mieux placés pour connaitre leur incohérence, l’incompréhension qu’ils susciteront auprès des administrés. Voire la réaction de peur qu’ils inspireront, avec des impacts sur les prix, tant dans le sens de la hausse que de la baisse.
De la nécessité d’accompagner les Français
La deuxième source d’inspiration des dessinateurs est alimentée par les difficultés à se comprendre en général : entre copropriétaires, entre acquéreurs au sein d’un même couple, entre propriétaires et locataires. Cette communication parfois impossible met en évidence la nécessité d’un tiers de confiance pour restaurer l’écoute entre les parties. En l’occurrence, il s’agit bien de l’agent immobilier, dont l’utilité n’est pas contestée à l’heure de l’e-commerce.
Le sujet préoccupe trop les Français pour qu’ils ne s’appuient pas sur des professionnels pour les accompagner et les conseiller. Un minimum de reconnaissance par les pouvoirs publics serait un juste retour des choses. Puisse ce livre y contribuer, par les voies détournées de l’humour et de l’auto-dérision…
Un livre ouvert sur le numérique
Cet ouvrage traite aussi de l’avance des professionnels sur les innovations. S’il est un secteur où la révolution digitale ne sera pas destructrice d’emplois, c’est bien celui de l’immobilier. En adoptant pleinement les codes des nouvelles technologies, les professionnels ont su se saisir de la révolution numérique et les dessinateurs ont croqué avec justesse ce bouleversement.
(*) L’immobilier dans tous ses états, Marianne Maury Kaufmann, Kak, Deligne, Albert, Cambon, éditions Cherche Midi, Collection « Humour », 64 pages (20 x 26 cm), 18 € TTC